mardi 27 décembre 2011

Peut-on être chrétien et capitaliste ?


La grande Fête de Noël, au-delà de la fête de la Famille et d’un temps privilégié pour la Paix, est pour les chrétiens la célébration de la naissance de Jésus. Jésus qui nous a laissé  comme le plus grand commandement celui d’aimer notre prochain comme nous-même. A l’horizon de l’élection présidentielle 2012, cette Fête est l’occasion pour chaque chrétien de faire le point sur la pratique de ce commandement et aussi sa compatibilité avec le capitalisme.
Est-ce vraiment aimer son prochain que d’adhérer à un système basé sur un rapport de force ?
Est-ce vraiment aimer son prochain que d’adhérer à un système dont la finalité est financière et dans lequel l’homme est un moyen ?
Est-ce vraiment aimer son prochain que d’adhérer à un système qui creuse l’écart entre les plus riches et les plus pauvres ?
Est-ce vraiment aimer son prochain que d’adhérer à un système qui banalise la famine d’un milliard de personnes et la mort de faim d’un enfant toutes les six secondes ?
Est-ce vraiment aimer son prochain que d’adhérer à un système qui permet à certaines personnes de gagner en une semaine ce qu’un ouvrier ne gagnera pas dans sa vie ?
Est-ce vraiment aimer son prochain que d’adhérer à un système qui pousse à la consommation au détriment de la planète ?
Est-ce vraiment aimer son prochain que d’adhérer à un système qui conduit de plus en plus de personnes à faire appel aux Restos du Cœur ?
Est-ce vraiment aimer son prochain que d’adhérer à un système dont les valeurs sont le paraître, la possession et la domination ?
Sachons faire le différence entre les chrétiens qui croient en Jésus et les chrétiens qui vivent le message de Jésus. Sous cet angle, beaucoup qui se disent athées sont beaucoup plus « chrétiens » que ceux qui vivent leur religion uniquement à travers les rites et les dogmes. Ceux-ci rétorqueront que le capitalisme est le moins mauvais des systèmes… Mais peut-on se contenter de cet alibi ? Entre autres devoirs, un chrétien qui vit le commandement de l’amour du prochain comme lui-même n’a-t-il pas aussi le devoir de chercher des pistes nouvelles pour une société plus humaine et plus équitable ? C’est aussi le but de la refondation du capitalisme.
Je terminerai ce billet en citant un passage de Maurice Zundel – prêtre et géant de la spiritualité chrétienne - dans son livre « Je parlerai à ton cœur » : « Tant que nous n’aurons pas compris cette dignité de l’homme, tant que nous ne voudrons pas l’affirmer, tant que nous n’aurons pas fait les changements qui s’imposent pour qu’elle puisse s’épanouir, nous n’aurons rien fait, rien fait qui vaille, rien fait qui corresponde à l’esprit de Notre Seigneur ; car enfin, c’est aux riches qu’il a dit : ‘malheur à vous, riches !’ Quel paradoxe que les hommes d’Eglise se soient faits si souvent les courtisans des riches alors que Notre Seigneur avait dit ‘malheur à vous riches’. »

mardi 20 décembre 2011

La notation des professeurs


Petite révolution dans le monde de l’éducation.
Luc Chatel, ministre de l’Education nationale, souhaite qu’à partir de la rentrée 2012 les professeurs soient notés mais uniquement par leur hiérarchie directe et non plus comme c’est le cas aujourd’hui en partie par l’inspecteur spécialisé dans chaque discipline et en partie par les chefs d’établissements.
Ce changement a provoqué un tollé chez le enseignants d’autant plus quand on sait que, de cette notation, dépendent les salaires.
Les arguments des enseignants sont tout à fait recevables. Ils estiment que, pédagogiquement parlant, il est difficile d’évaluer un enseignant si l’on ne connaît pas parfaitement la matière qu’il enseigne.
Mais à ceci on pourrait rajouter que d’autres éléments que les pédagogiques peuvent entrer en compte dans la note d’un enseignant : par exemple la ponctualité, la participation plus ou moins active à la vie de l’établissement, l’intérêt pour la matière enseignée, son degré d’investissement dans les cours, le taux de réussite de ses élèves, etc. etc.
Mais, réflexion faite, pourquoi les élèves n’auraient-ils pas eux aussi à donner leur avis ? D’autant plus qu’ils sont les premiers concernés par la compétence de l’enseignant … On pourrait imaginer que chaque élève puisse donner son avis sur l’écoute du professeur, sa pédagogie, son élocution, sa passion pour le thème, la clarté de sa présentation … Mais faut-il encore avoir un regard positif sur les élèves qui, malgré les apparences, ne sont pas que des gamins pensant à « faire des blagues » et en faire le moins possible… Il y a chez chacun d’entre eux un potentiel de maturité et de sérieux qui ne demande qu’à se développer.  De plus, cela obligerait les élèves à se poser des questions sur le rôle et la qualité d’un professeur et aurait l’avantage de favoriser un lien « affectif » entre les deux,  ce qui ne peut être que bénéfique pour le bon développement de l’élève.
Et ce serait une bonne façon pour que les professeurs se remettent eux-même en question…
Au final, on pourrait imaginer que la note soit donnée pour 40% par l’inspecteur, 40% par le chef d’établissement et 20% par les élèves.
Encore une fois on mesure - que ce soit pour un professeur, un cadre, un patron… - combien il est difficile de se faire remettre en question par des personnes qui nous semblent « inférieures ».
Il y a un domaine ou l’importance de cette remise en question a été comprise : c’est la relation avec le client. Les questionnaires pour la satisfaction du client sont devenus courants et sur le plan marketing, on s’est aperçu que c’était devenu bénéfique pour le client et pour le fournisseur. Alors, pourquoi ce qui est bénéfique pour un client et son fournisseur ne le serait-il pas pour l’élève et son professeur ou pour un salarié et son patron ?

 

mardi 13 décembre 2011

La classe ouvrière

  
La Chine est devenue la manufacture du monde. De ce fait, en France, la classe ouvrière est en déclin ; aujourd’hui elle ne représente plus  qu’à peine 10% des salariés actifs.
Lors du Journal télévisé du 30 novembre sur France 2, David Pujadas fait état de statistiques intéressantes concernant l’évolution de l’électorat français aux présidentielles.
En 1978, 78% des ouvriers votaient à gauche ; en 2007, 40% ; en 2012 selon les derniers sondages, le vote des ouvriers se répartirait comme suit : 20% à Hollande, 22% à Sarkozy, 43% à Marine Le Pen. On constate un glissement important du vote traditionnel des ouvriers, de la gauche à l’extrême droite. Comment expliquer ce retournement ? Tout simplement par un manque de reconnaissance. L’écrivain révolutionnaire Jean Guéhenno disait « qu’importe qu’on nous donne le bonheur si l’on nous refuse la dignité ». C’est ce qui manque le plus à ces ouvriers qui se sentent souvent considérés comme de la « chair » à production ou plus noblement dit une variable d’ajustement. Les augmentations de salaire, les meilleures conditions de travail, même si c’est important, ne suffisent plus à satisfaire ce besoin de reconnaissance.
Faute de réponse positive, les ouvriers se rabattent sur les discours démagogiques du style « la France aux français » ou « fermons nos frontières »…Il s’agit là d’une intention de vote animée par des sentiments de dépit ou de révolte. Nul besoin d’être économiste averti pour comprendre que ce repli est une fausse piste.

Ce qui manque à ces ouvriers c’est qu’un parti politique leur dise : vous ne serez plus des sujets dans l’entreprise, mais des citoyens. Des citoyens à égalité de droits et de devoirs avec les actionnaires. Il en va de votre dignité, de la justice et du bon sens.

Par mon expérience d’intervenant dans les Ecoles de Commerce et d’Ingénieurs en Ethique et en Développement Durable, je peux affirmer que cette idée est acceptée par les jeunes. Lorsqu’en terminant mon témoignage de patron noté et élu par ses salariés je demande quels sont ceux qui, demain, voudraient élire leur patron, 80% lèvent la main !
Alors, faudra-t-il attendre que ces jeunes arrivent sur le « marché »  du travail pour que cette prise de conscience devienne effective ?

 

mardi 6 décembre 2011

TRUMPF ou les bienfaits de la cogestion

  
Le numéro spécial de Marianne du 18 novembre 2011 nous dit qu’un autre capitalisme est possible et l’illustre par un très intéressant reportage de Philippe Cohen, Eric Conan et Hervé Nathan sur la société Trumpf, modèle parfait de l’entreprise industrielle du sud-ouest de l’Allemagne.
Créée en 1923 cette société est leader mondial des technologies de travail de la tôle et de découpe au laser ; elle emploie 8500 personnes dont 4000 dans les pays étrangers. C’est avec des lasers Trumpf que Volkswagen ou Toyota découpent les tôles métalliques de leurs voitures. Or ce n’est pas par ses performances économiques mais pour la cogestion qu’elle a mise en place que les médias allemands encensent régulièrement cette entreprise.
Dans cet article, Gerhard Rübling, DRH de la société Trumpf nous dit « il ne fut surtout pas abandonner la cogestion. En Allemagne, c’est grâce à ce dispositif que nous pouvons régler les conflits de travail de manière civilisée. Même si, à la fin, c’est souvent le patron qui prend la décision, les nombreuses prérogatives des représentants des salariés dans l’entreprise nous obligent à mieux penser nos projets pour mieux convaincre, informer plus tôt nos salariés et à les faire participer à leur élaboration. Sinon, çà bloque (…) Nous vivons actuellement une période d’individualisation des comportements et des désirs. Il y a aussi une redistribution des rôles dans la famille. Or, l’organisation du travail classique ne correspond plus à cette évolution. J’ai donc eu l’idée de proposer à notre direction un système de travail à la carte que nous avons négocié pendant neuf jours avec Hans Baur, le responsable d’IG Métall pour la région de Stuttgart, et le comité d’entreprise. »
Concrètement, les salariés pourront travailler selon leur désir, entre 15h et 40h par semaine. Ils pourront également économiser jusqu’à 1000 heures sur un « compte épargne temps » qui pourra être utilisé pour prendre un congé sabbatique allant de 2 mois à 2 ans ; à défaut ils pourront aussi épargner 2h par semaine pour leur retraite complémentaire d’entreprise. Outre l’adhésion enthousiaste du personnel, la couverture médiatique de l’opération a provoqué une augmentation de 50% des candidatures spontanées de diplômés du supérieur depuis le mois de juin.
Renate Luksa, membre du syndicat IG Metall,  se réjouit aussi de cette cogestion : « en coulisse, nos négociations ont parfois été houleuses. Comme ce fut aussi le cas pendant la crise, quand il a fallu négocier les mesures de chômage partiel et baisser temporairement les salaires. Mais, si le ton monte parfois, à la fin il faut « livrer ». Je préfère cela à l’organisation de piquets de grève dans la cour. De toutes façons, il n’y a encore jamais eu de grève chez Trumpf ».
La démonstration est une fois de plus faite : lorsqu’on invite les salariés à participer à la direction de l’entreprise, tout le monde y retrouve son avantage. Quand nos hommes politiques et nos syndicalistes comprendront-t-ils que c’est par la démocratie dans l’entreprise qu’on optimisera nos performances ?



Bienvenue !

Le 4 avril 2009 à Londres se sont réunis les chefs d'état des pays les plus riches de la planète : le G20. L'ambition affichée était de refonder le capitalisme (cf. N. Sarkozy). En fait de refondation, nous avons eu droit à un ravalement. On connaissait le bluewashing, le greenwashing, maintenant nous connaissons le whitewashing.
Le G20 a montré du doigt les paradis fiscaux et a remis en question les bonus des patrons. Mais nous l'avons bien compris : rien de fondamental pour le capitalisme dont la pierre angulaire est la loi du plus fort.
Il y a donc urgence à faire émerger des idées concrètes pour refonder le capitalisme et donner de l'espoir à ceux qui se refusent politiquement parlant d'avoir à choisir entre une droite qui fait allégeance complète au capitalisme, une gauche en panne d'imagination et une ultragauche en pleine utopie.
Voilà tout l'objet de ce blog : exprimer des idées, réagir, commenter ...