dimanche 26 juin 2011

Areva

Anne LAUVERGEON depuis dix ans à la tête d’Areva – leader mondial des métiers de l’énergie, entre autres, fleuron de l’industrie nucléaire – a appris le jeudi 16 juin 2011 par le premier ministre qu’elle ne serait pas reconduite dans ses fonctions. C’est bien mal récompenser celle qui a fait d’Areva le numéro 1 mondial des réacteurs nucléaires et depuis la catastrophe de Fukushima s’est dépensée sans compter pour rassurer sur la sûreté des centrales nucléaires françaises. Mais certainement y a-t-il dans son bilan des zones d’ombres qui expliquent ce limogeage… Ce n’est pas l’objet de ce billet.

Mon interrogation porte sur le fait qu’une telle décision puisse se prendre sans demander l’avis des cinquante mille collaborateurs d’Areva qui sont pourtant les premiers concernés ! Aurait-il été impossible d’organiser un référendum pour valider cette décision ? Cela aurait obligé les dirigeants et les actionnaires – parmi lesquels l’Etat – à expliquer le pourquoi et le comment de cette décision et les enjeux d’Areva ; cela aurait invité les salariés à s’intéresser à ces enjeux et à l’avenir d’Areva. Tout le monde aurait été gagnant. Mais peut-être pense-t-on en haut lieu que ces hommes et ces femmes ne sont pas assez compétents pour comprendre les enjeux d’Areva ? Ce sont pourtant les mêmes qui sont assez compétents pour fabriquer les centrales nucléaires !

Comme quoi il est difficile de se défaire de ses a priori !





mardi 21 juin 2011

Salariés du privé : vaches à lait


Comme chaque année, la journée de solidarité du lundi de Pentecôte lancée en 2004 par Jean-Pierre RAFFARIN fait débat. A juste titre d’ailleurs parce que cette réforme est particulièrement inadaptée et injuste.

Déjà, le choix de la date est loin d’être judicieux !
A l’occasion de ce grand week-end, des évènements sportifs, religieux, festifs… sont organisés par des communes ou des associations (pour être lyonnais, je peux vous dire que le tournoi de boules de la Pentecôte est mondialement connu et fréquenté de tous les boulistes et fait partie des moments importants de la vie lyonnaise). Supprimer ces manifestations peut être un grand préjudice pour des associations et – plus grave encore – priver beaucoup de gens de vivre une tradition très locale.

Cette mesure est particulièrement injuste parce qu’elle ne touche que les salariés du privé, les fonctionnaires étant exemptés de cet effort national. On peut d’ailleurs se demander au nom de quoi si ce n’est d’acheter la paix sociale… Plus injuste encore les professions libérales et les commerçants et artisans ne sont pas du tout touchés par cette mesure et le moins qu’on puisse dire c’est qu’ils ne sont peut-être pas les catégories les plus défavorisées. Pourtant le problème de la vieillesse, du handicap, de la dépendance est réel et deviendra de plus en plus préoccupant compte tenu de l’allongement de la durée de vie.

Alors, quelle solution choisir ? Elle est relativement facile et relève du bon sens. A nos parents nous devons tout : la vie, l’éducation… en un mot, ce que nous sommes ; mais aussi, dans la majorité des cas, par l’héritage ils nous apportent des biens matériels. Ce constat fait, serait-il aberrant de dire que sur cette part d’héritage, à notre tour nous contribuions à ce que la vieillesse de nos parents puisse être plus confortable ? Ne serait-il pas un juste retour des choses qu’un pourcentage soit prélevé sur la part de succession ? Or, c’est loin d’être le cas puisque depuis le 1er janvier 2009 un abattement de 156 359 € exonéré de droits de succession est pratiqué sur la part de chaque enfant. Il y a là une source importante de financement pour toute la gestion des personnes âgées et handicapées qui ferait appel à tous sans distinction de catégories à commencer par les plus privilégiés.

Sur la forme, cette mesure ne participerait pas directement à la refondation du capitalisme. Mais sur le fond, elle aurait le souci de mettre en place un mécanisme de responsabilité et de solidarité qui sont justement l’ultime but de la refondation du capitalisme.




mardi 14 juin 2011

La part de l’affectif

Même si l’on peut le déplorer, notre affect a une place de choix dans nos décisions. C’est d’autant plus vrai que cet affect est communicatif. Il n’y a qu’à voir l’engouement pour le mariage de Kate et William, pour l’affaire DSK ou tout simplement à l’occasion d’un événement sportif quand un arbitre est conspué par un camp ou l’autre en fonction de ses décisions. La politique n’échappe pas à ce phénomène affectif ; des sondages récents nous montrent que la côte de Sarkozy a augmenté de deux points depuis que l’on sait que Carla attend un bébé.

Faut-il déplorer ce phénomène ? Oui et non.
Oui parce que la plupart de nos décisions ont des fondements émotionnels et par là sont irrationnelles. C’est l’argument qu’emploient ceux qui dénoncent la démocratie et encore plus la démocratie dans l’entreprise sous prétexte que les gens votent en fonction de leur sympathie ou antipathie et non pour des raisons rationnelles telles que les compétences par exemple.
Non parce que nos émotions sont partie intégrante de la nature humaine. Elles participent à nos amitiés et inimitiés, nous procurent de la joie ou de la tristesse ; nos émotions sont moteurs pour aller vers le bien, le beau, le vrai ( musique, voyages, spectacles, nature…). Sans émotion, apprécierions-nous la vie ? C’est en ce sens que certains disent qu’un monde parfait serait ennuyeux partant du principe que pour qu’il y ait de la joie il faut qu’il y ait de la tristesse ; cette approche est bien pessimiste : on peut en effet avoir de la joie sans qu’il y ait pour autant de la tristesse ; la plupart des enfants nous le prouvent tous les jours.

Alors, comment pouvons-nous vivre nos émotions de façon positive ? En étant honnête avec nous-mêmes : en faisant la part de nos sentiments et de la raison, de nos intérêts et de l’équité. En terme de management, ce n’est pas celui qui nous fera pitié qui aura forcément raison ; ce n’est pas celui qui nous sera antipathique qui aura forcément tort. C’est la différence essentielle entre l’homme et l’animal : la conscience. Cette phrase de Teilhard de Chardin est très explicite en la matière « nous ne sommes pas des êtres humains vivant une expérience spirituelle, nous sommes des êtres spirituels vivant une expérience humaine ».

La refondation du capitalisme passe par un état de conscience élevé. C’est tout simplement la victoire de l’esprit sur la partie animale de l’homme qui fait qu’on a aujourd’hui aboli l’esclavage, la peine de mort… et contribué au progrès social.





lundi 6 juin 2011

L’empreinte pauvreté

Après le «greenwashing (littéralement peindre en vert) – pratique qui consiste pour les entreprises à adhérer à des ONG pour valoriser leur image de marque – et le bluewashing (littéralement peindre en bleu) – pratique qui consiste pour les entreprises à adhérer à Global Compact, une association sous l’égide de l’ONU, pour valoriser leur image – l’empreinte pauvreté est le nouvel artifice des entreprises pour faire passer la pilule d’un capitalisme pur et dur.

Cette initiative développée par OXFAM inspirée de l’empreinte écologique (mesure de l’impact de l’homme et de son activité sur l’environnement) met en place des indicateurs qui permettent d’évaluer les retombées sociétales positives ou négatives des multinationales dans le pays où elles sont implantées. Ces impacts sont évalués selon cinq critères : niveau de vie, bien-être et santé, diversité et égalité des sexes, amélioration des conditions de vie, stabilité et sécurité (cf. Novethic du 31.05.11 )
Après Unilever en Indonésie, Coca Cola vient de faire évaluer son empreinte pauvreté au Salvador et en Zambie. On ne peut que saluer cette initiative mais ces indicateurs ne sont-ils pas des « trompe-l’œil » ?
L’implantation d’une multinationale dans un pays dit pauvre - l’ONU en désigne 48 – ne peut être que bénéfique pour le pays ne serait-ce que par la création d’emplois mais aussi toutes les actions périphériques qu’elle se doit de faire ; et c’est là que l’empreinte pauvreté est trompeuse parce que nécessairement toujours positive elle donne une image faussée de l’entreprise et bonne conscience à ceux qui sont dans la logique du capitalisme pur et dur ; par contre, ce qui serait intéressant à mesurer c’est le rapport entre ce que l’entreprise apporte à ce pays pauvre et ce que sa présence dans ce même pays lui rapporte à elle. Malheureusement, ce rapport est loin d’être équitable entre les deux. On est souvent dans un concept d’exploitation de l’homme plutôt que dans une collaboration digne et équitable. Ne soyons pas naïf ! Dans la logique de sa finalité financière, une multinationale aura toujours le souci d’optimiser ses investissements (négociation au plus bas des concessions voire corruption, expropriations, travail des enfants, insécurité au travail, peu d’investissements en matière de dépollution même si les ONG font un travail remarquable de veille permanente, c’est loin d’être gagné. J’ai entendu en conférence Pascal LAMY, Président de l’OMC (Organisation Mondiale du Commerce) dire que « le colonialisme n’est pas aboli il a simplement pris une autre forme ».

La refondation du capitalisme passera par une nouvelle logique de solidarité qui nous fera comprendre qu’il est de notre intérêt de partager équitablement les richesses et non de nous les approprier au détriment des plus pauvres.



Bienvenue !

Le 4 avril 2009 à Londres se sont réunis les chefs d'état des pays les plus riches de la planète : le G20. L'ambition affichée était de refonder le capitalisme (cf. N. Sarkozy). En fait de refondation, nous avons eu droit à un ravalement. On connaissait le bluewashing, le greenwashing, maintenant nous connaissons le whitewashing.
Le G20 a montré du doigt les paradis fiscaux et a remis en question les bonus des patrons. Mais nous l'avons bien compris : rien de fondamental pour le capitalisme dont la pierre angulaire est la loi du plus fort.
Il y a donc urgence à faire émerger des idées concrètes pour refonder le capitalisme et donner de l'espoir à ceux qui se refusent politiquement parlant d'avoir à choisir entre une droite qui fait allégeance complète au capitalisme, une gauche en panne d'imagination et une ultragauche en pleine utopie.
Voilà tout l'objet de ce blog : exprimer des idées, réagir, commenter ...