mardi 26 octobre 2010

Grèves et manifestations : solidarité ou égoïsme ?

Le projet de loi sur la retraite à 62 ans provoque grèves et manifestations à répétition ; peu de trains, peu d’essence, les lycéens dans la rue, sans parler des casseurs…La France est en panne ! On peut comprendre sans pour autant approuver ceux qui veulent se faire entendre par la force…

Mais quand est-ce qu’on bloquera la France pour réclamer l’éradication de la pauvreté ? Selon Bruxelles, en France, 8 millions de personnes – dont 2 millions d’enfants - vivent sous le seuil de pauvreté ! Quand est-ce qu’on bloquera la France pour donner à tous un travail ? Nous avons 3 millions de chômeurs ! Quand est-ce qu’on bloquera la France pour que chacun ait un logement ? Parmi nous 1 million de personnes sont sans logement ! Cela couperait court à toutes les critiques qui sont faites aux plus privilégiés (garantie de l’emploi, retraite à 50 ans, retraite bonifiée, etc. etc.) qui ne veulent pas qu’on touche à leurs avantages. Ces manifestations et ces grèves seraient certainement plus crédibles et auraient plus d’impact sur le monde politique – qu’il soit de droite ou de gauche !

Alors pourquoi deux poids, deux mesures ?
Peut-être par égoïsme ? Ou - plus grave encore - parce que l’on a banalisé une société où il y a des pauvres, des sans logis, des sans travail ?
Notre devoir n’est-il pas de réagir devant pareille société ? Ne démissionnons pas : oeuvrons pour une société plus juste, plus équitable, plus humaine. C’est l’enjeu de la refondation du capitalisme.

mardi 19 octobre 2010

Etre habile sans être malin

La refondation du capitalisme ne se fera pas sans la participation de tous à commencer par les plus privilégiés. Ce serait illusoire de penser qu’une « révolution » de cette ampleur puisse se faire au détriment d’une classe sociale. A nous d’être assez habiles (je ne dis pas malin qui suppose une attitude malicieuse au détriment d’un autre – on oublie que le mot malin vient du latin malus qui veut dire méchant) je disais donc à nous d’être assez habiles pour que les classes les plus privilégiées (chefs d’entreprise, hommes d’affaires…) mettent au service de la refondation du capitalisme leur intelligence, leur dynamisme voire pour certains leur génie.

A ce sujet, l’actualité politique nous invite à réfléchir sur l’ISF (impôt sur la fortune) et le bouclier fiscal. L’ISF qui rapporte à l’Etat 3,5 milliards d’€ et le bouclier fiscal qui lui en coûte 679 millions. Cf. Aujourd’hui du 09.10.10.
La tentation est grande pour ceux qui militent en faveur d’une société plus égalitaire de maintenir l’ISF, voire l’augmenter, pour pénaliser les riches propriétaires. Mais à aucun moment la refondation du capitalisme ne remet en question la propriété ; seulement une meilleure répartition des revenus. Avec l’ISF – et on le constate – les riches vont se domicilier à l’étranger ce qui ne fait que pénaliser l’économie et par là-même handicaper la refondation du capitalisme. Donc l’ISF est un mauvais impôt qu’il faut supprimer.

Quant au bouclier fiscal (cf. billet n°49 de ce blog), il est dans une logique absurde quand on voit que l’Etat a versé un chèque de 30 millions d’€ à Liliane de Bettencourt qui en gagne 100 par an ! Il est donc urgent de le supprimer.

Par contre, en terme d’imposition, il serait urgent de taxer toutes les transactions boursières et encore plus celles qui sont liées à la seule spéculation. Un groupe d’experts de l’ONU a établi (cf. le Figaro du 21.09.10)
qu’une taxe de 5 cents sur chaque millier de dollars échangé dans le monde pourrait rapporter 30 milliards de dollars par an ! Cela représente 5 pour 100 000. On voit bien qu’il y a là une véritable source de revenus pour éradiquer la pauvreté et financer les infrastructures nécessaires pour permettre aux pays pauvres de sortir de la misère. Le combat à mener n’est pas un combat contre la propriété mais contre la spéculation ; on assiste aujourd’hui à une envolée du prix du blé parce que tous les spéculateurs de tous ordres (fonds de pensions, hedges funds..) se sont précipités pour acheter le blé avec pour conséquence d’affamer les pays pauvres (cf. les émeutes de la faim).





mardi 12 octobre 2010

Lettre à mon frère et ami musulman


Cher ami ! Je voudrais t’apporter mon soutien dans cette « sale période » que tu passes. Toute l’actualité semble conspirer contre ta communauté.

Au nom de l’Islam, Sakineh sera certainement lapidée en Iran. Il est vrai que la lapidation n’est plus trop de notre temps ! Chez nous, on y met la manière : vois Teresa Lewis à qui en Virginie, aux Etats-Unis, on a injecté ce 25 septembre du poison pour que sa mort soit plus rapide…
Au nom de l’Islam, on incite les femmes à porter la burka, ce qui pour nous est une entorse à sa dignité et à sa liberté. Il est vrai que chez nous à l’inverse on invite la femme à jouer de son corps ce dont la pub ne se prive pas ! Comme si se mettre en avant par son corps était un signe de liberté et de dignité…
Au nom de l’Islam le 11 septembre 2001 les tours jumelles de New-York ont été détruites. Le rapprochement est tellement fort entre les musulmans et cette destruction qu’il y a eu à New-York des manifestations énormes pour qu’on annule la construction d’une mosquée à proximité du « Ground zéro».
Au nom de l’Islam, cinq français ont été enlevés par AQMI (Al Qaïda au Magreb Islamique).
Tous ces évènements favorisent l’amalgame entre islamisme et Islam ; l’islamisme étant la collusion du pouvoir public et du pouvoir religieux (la charia), comme en Iran, en Arabie, etc. Alors que l’Islam est une religion respectable et respectée ; le musulman fait les frais de cette confusion à tel point que certains – et je caricature à peine – voient dans chaque musulman le mal personnifié.
Et nous, occidentaux, cette confusion nous arrange bien ; nous ne voulons voir dans le terrorisme que le djihad, cette guerre sainte ayant pour but de défendre l’Islam.

Et si le terrorisme était une attaque contre le capitalisme et toutes ses inégalités ?
Et si l’Islam n’était que l’instrument du terrorisme dont la pauvreté est le terreau ? Je ne suis pas loin de penser que l’Islam est au terrorisme ce que la chrétienté a pu être à la colonisation.
Et si l’enlèvement de ces sept personnes au Niger – l’un des Etats les plus pauvres du monde – n’était qu’un moyen d’obtenir de meilleures conditions financières de la part d’Areva ? Cf. JDD19.09.10 Stéphane Jouani.
Et si nous comprenions que la première arme pour combattre le terrorisme était la lutte contre la pauvreté dans le monde et que tous ces pauvres appelés à mourir de faim sont des proies faciles pour ceux qui, au nom de l’Islam, veulent les enrôler dans le terrorisme ?

Je terminerai cette lettre en te citant un passage du testament de Christian de Chergé l’un des moines de Tibhirine que tu as certainement vu dans le magnifique film "Des hommes et des dieux" : «… Je sais aussi les caricatures de l’Islam qu’encourage un certain islamisme ; il est trop facile de se donner bonne conscience en identifiant cette voie religieuse avec les intégrismes de ses extrémistes ; l’Algérie et l’Islam, pour moi, c’est autre chose, c’est un corps et une âme. Je l’ai assez proclamé, je crois, au vu et au su de ce que j’en ai reçu, y retrouvant si souvent ce droit fil conducteur de l’Evangile appris aux genoux de ma Mère, ma toute première Eglise, précisément en Algérie et, déjà, dans le respect des croyants musulmans… ».





lundi 4 octobre 2010

L’exemple brésilien


Ce qu’on pensait impossible voire utopique, Luiz Ignacio Lula Da Silva dit « Lula » l’a fait. Cet ancien métallurgiste issu d’un milieu déshérité du Nordeste brésilien, qui a connu la faim dans son enfance, a révolutionné le Brésil pendant les huit ans (2002-2010) qu’il a été Président de la République du Brésil, poste qu’il va quitter dans quelques mois.

En 2003, il a mis en place le programme « Fome Zero » (faim zéro) ; 12% de la population (22 millions) souffrait de la faim, un taux ramené en 2008 à 4,8% (10 millions). Cf. Le Monde du 15.09.10. Son programme consistait en une allocation attribuée sous la forme d’une carte de crédit aux familles vivant au-dessous du seuil de pauvreté (moins de 1 dollar par jour). Cette bolsa familia (bourse famille) est aujourd’hui versée à 12 millions de foyers, soit 50 millions de personnes et a coûté à l’Etat 6 milliards de dollars, soit un peu moins de 2% du budget.

En 7 ans, plus de 14 millions d’emplois formels ont été créés et le chômage a été ramené à 6,7% de la population, le taux le plus bas de l’histoire du Brésil. Dans la décennie 1990, le Brésil créait 600 000 emplois par an ; sous Lula on est passé à 1 400 000 emplois par an.

Le gouvernement de Lula offre des bourses partielles ou intégrales à des étudiants pauvres, pourvu qu’ils soient performants. En cinq ans plus de 700 000 étudiants ont bénéficié de ces avantages. En novembre 2009, quelques 31% des 5,9 millions d’inscrits à l’université venaient de familles à bas revenus : la proportion a doublé par rapport à 2002.

Lula a aussi instauré le plan « lumière pour tous » : 10 millions de foyers ont bénéficié de l’arrivée de l’électricité.

Tous les ans, augmentation du salaire minimum très au-dessus de l’inflation : plus de 54% entre 2003 et 2010. Le gouvernement a ainsi augmenté le revenu de 27 millions d‘employés et de 18,5 millions de retraités dont la pension est indexée sur le salaire minimum. Cf. Le Figaro du 20.09.2010.
Pour la première fois de l’histoire, le Brésil assiste à une réduction continue et inédite des inégalités ; en deux mandats, 24 millions de brésiliens sortent de la misère alors que 31 millions entrent dans la classe moyenne.

Toutes ces mesures s’accompagnent d’une accélération de la croissance qui atteint aujourd’hui 7% avec des investissements qui montent à 262 milliards d’ euros, principalement dans les infrastructures.

Bien sûr, il y a encore beaucoup à faire pour combattre les inégalités ! 1% de la population détient 50% de la richesse ; 10 millions de personne souffrent encore de la faim… cf. Le Journal du Dimanche du 26.09.10.
Mais avec 80% d’opinion favorable, Lula nous a fait l’éclatante démonstration que l’on peut éradiquer la pauvreté sans pénaliser la classe moyenne et en gardant la confiance des plus privilégiés ; à quand un « Lula » français pour montrer la voie de la refondation du capitalisme ?















Bienvenue !

Le 4 avril 2009 à Londres se sont réunis les chefs d'état des pays les plus riches de la planète : le G20. L'ambition affichée était de refonder le capitalisme (cf. N. Sarkozy). En fait de refondation, nous avons eu droit à un ravalement. On connaissait le bluewashing, le greenwashing, maintenant nous connaissons le whitewashing.
Le G20 a montré du doigt les paradis fiscaux et a remis en question les bonus des patrons. Mais nous l'avons bien compris : rien de fondamental pour le capitalisme dont la pierre angulaire est la loi du plus fort.
Il y a donc urgence à faire émerger des idées concrètes pour refonder le capitalisme et donner de l'espoir à ceux qui se refusent politiquement parlant d'avoir à choisir entre une droite qui fait allégeance complète au capitalisme, une gauche en panne d'imagination et une ultragauche en pleine utopie.
Voilà tout l'objet de ce blog : exprimer des idées, réagir, commenter ...