mardi 29 juin 2010

Le courage politique

A l’occasion de la Coupe du monde de football 2010 et plus encore après la piteuse performance des Bleus, des critiques se sont élevées de toutes parts contre les rémunérations faramineuses des joueurs. Frank Ribéry 800 000 € par mois, Thierry Henry 1 000 000 € par mois, etc. etc. A remarquer que ces salaires indécents ne sont pas plus ni moins justifiés que les salaires de certains artistes ou grands patrons… Ils sont le fruit de l’offre et de la demande. Mais, dans nos critiques, ne faisons pas la confusion entre les causes et les conséquences ; les causes relèvent en partie de la responsabilité du monde politique qui, par manque de courage, ne prévoit pas des tranches d’imposition à 80% voire 90% des salaires faramineux. Voilà un sujet de discussion qui pourrait faire l’objet d’un débat au G20 de Toronto car de telles décisions ne peuvent être réalistes que si elles sont appliquées dans tous les pays !

Nous retrouvons ce même manque de courage des hommes politiques dans le débat sur l’âge et les conditions de la retraite. Avant de prendre toute mesure il aurait été bon d’aligner sur un même plan – qu’il s’agisse des militaires, des professions libérales, des commerçants, des artisans, des artistes, du public, du privé… - les cotisations et l’âge de la retraite, quitte à faire ensuite des ajustements sous forme de hausses de salaire ou d’imposition pour que personne ne se sente lésé dans cet alignement (est-il par exemple normal que certains militaires puissent prendre leur retraite à 35 ans et que les médecins libéraux doivent attendre 65 pour le faire ?) ; alors, les données seraient plus claires et les conditions requises pour parler de l’effort que chacun devrait faire pour que tous aient droit à une retraite décente. Bien sûr, en tenant compte de la pénibilité du travail, (cf. billet du 09.03.10 «L’âge de la retraite nouvelle donne» ). Mais la persistance de pareilles disproportions dans l’âge et les conditions de la retraite ne peut que générer frustrations et conflits quelles que soient les solutions trouvées.

On pourra objecter à cette proposition qu’un pouvoir – qu’il soit de droite ou de gauche – qui proposerait ces mesures serait rapidement renversé ! Mais, l’essentiel, pour un homme politique, est-il de durer ou d’être fidèle à ses convictions ? A ma connaissance, un seul homme politique a fait passer ses convictions avant le pouvoir : c’est le général De Gaulle qui, en 1969, a démissionné après le « non » du référendum. Imagine-t-on un père ou une mère de famille qui autoriserait ses enfants à prendre de la drogue sous prétexte de préserver un bon climat familial et de ne pas créer la rupture avec eux ? C’est malheureusement ce que nous vivons aujourd’hui en politique. Nous avons le « personnel » politique que nous méritons et son manque de courage, son égoïsme , son goût du pouvoir, n’est que le reflet de ce que nous sommes.

Pour refonder le capitalisme nous avons avant tout besoin de politiques animés par des valeurs d’altruisme, de don de soi, d’Amour et pour qui le pouvoir n’est pas un but mais un moyen.





mercredi 23 juin 2010

Dans la logique du Medef


Dans le Figaro du mercredi 02 juin 2010 Laurence Parisot - présidente du Médef en instance d’être réélue puisque la seule candidate – nous parle des principaux axes de son programme pour les trois ans à venir.
Voici un extrait des propos recueillis par Gaëtan de Capèle, Cyrille Lachèvre, Marc Landré et Yann Le Galès :

« Quels seront les principaux axes de vote programme pour les trois ans à venir ?

Premièrement, renforcer la présence du Medef à l’international et en Europe (…) Pour gagner en efficacité nous devons renforcer nos effectifs à Bruxelles et être beaucoup plus présents dans les instances internationales. Nous allons ainsi ouvrir un bureau en Chine dans les douze mois.

L’une des raisons de la crise de l’Europe tient aux différences de convergence économique entre les pays : comment la résoudre ?

Compétitivité, voilà le maître mot des prochaines années, à l’échelle de l’Europe comme à l’intérieur de chaque pays européen. La nôtre en France ne s’améliorera qu’après avoir mené les grandes réformes structurelles, en premier lieu celle des retraites. La lutte pour la compétitivité occupe tout le deuxième volet du programme de mon second mandat car la France est handicapée par une moindre compétitivité que ses voisins, des freins réglementaires, des charges plus élevées, et du coup des investissements en R et D encore insuffisants.

Quels sont les autres axes de votre programme ?

Prôner l’esprit d’entreprise, stimuler la croissance en encourageant la multiplication des créations d’entreprise, en particulier grâce à une commission Entrepreneuriat qui interviendra notamment dans les écoles ou les universités en initiant de nouveaux modules Entrepreneuriat. Le faire en n’oubliant jamais que l’homme et le respect de l’homme sont au cœur de l’entreprise. »

Au vu de ses réponses on ne peut qu’adhérer au programme de Laurence Parisot. Elle est dans sa logique de présidente du Medef, elle est là pour promouvoir les entreprises et augmenter leur compétitivité. Mais j’aurais aimé que Laurence Parisot inscrive à son programme d’autres objectifs, par exemple faire baisser le chômage de 10%, resserrer les écarts de salaires, favoriser l’embauche de jeunes et de handicapés, favoriser la protection de l’environnement…Ce à quoi on peut rétorquer que ce n’est pas la responsabilité de Laurence Parisot d’assumer de tels objectifs mais celle de l’Etat ou des syndicats. Et c’est bien là que le bas blesse ! L’entreprise ne se sent pas responsable vis à vis de la société civile mais uniquement vis à vis des actionnaires ; ne cherchons donc pas plus loin pourquoi dans l’entreprise nous avons deux adversaires alors que nous devrions avoir deux partenaires soucieux l’un et l’autre d’une entreprise performante sur le plan économique, social, sociétal et environnemental. Même si le chemin est encore long pour l’atteindre c’est un des objectifs de la refondation du capitalisme.


dimanche 13 juin 2010

L’œuf de Christophe Colomb


Dans leur article du JDD du 30.05.10 intitulé « En 2012, ce sera le choc des idées », Camille Neveux et Soizig Quéméner nous disent que le monde politique est en pleine effervescence, à la recherche d’idées nouvelles : pour la gauche pour répondre à la problématique de la mondialisation et pour la droite pour répondre à la crise financière que nous connaissons et qui met sérieusement à mal le néolibéralisme. Les auteurs de cet article sont plutôt optimistes en disant que 2012 sera le choc des idées. Pour qu’il y ait choc des idées encore faut-il qu’il y ait des idées ! Mais il n’y en a pas !
La gauche et la droite ont mis en place des laboratoires d’idées et sont à la recherche de leur gourou. Fabienne Brugère, philosophe du laboratoire des idées du PS, a proposé a Martine Aubry le concept de « care » cette société du bien-être et du respect. A droite, on recherche une remplaçante à Emmanuelle Mignon, boîte à idées incarnée du sarkozysme conquérant de 2007.
Cette prise de conscience par la gauche comme par la droite de la nécessité de trouver des formes nouvelles au capitalisme est tout à fait salutaire et laisse augurer d’un avenir prometteur. Mais toutes ces recherches me font penser à l’œuf de Christophe Colomb.
Au cours d’un repas, certains convives auraient demandé à Colomb comment lui seul aurait fait la découverte de certains nouveaux territoires là où personnes ne pensait qu’il y en avait Pour leur répondre il aurait alors demandé aux convives comment on peut faire tenir un œuf en équilibre sur une table. Devant l’impossibilité de tous à faire tenir l’œuf debout Colomb aurait aplati l’une des extrémités de l’œuf sur la table puis l’aurait posé en équilibre en disant ironiquement « c’est facile, il suffisait d’y penser ».
Et si, pour refonder le capitalisme, la solution était aussi simple mais que personne ne la voie ou ne veuille la voir ? Enlever une partie du pouvoir à la finance et le donner aux hommes. C’est la démocratie dans l’entreprise. Cette panne d’idées de nos élus politiques confirme le bien fondé de ce Blog. Nous ne serons jamais assez nombreux à apporter notre contribution à l’émergence de solutions nouvelles pour un capitalisme plus humain, respectueux de l’homme.




mardi 8 juin 2010

Un oubli fâcheux


Tous mes compliment à Yann Arthus Bertrand pour ce qu’il est, ensuite pour ses remarquables émissions « Vu du ciel » et pour le film « Home » qui a été un succès planétaire, enfin pour sa dernière initiative « 10/10 » dont l’objectif est que chacun réduise de 10% ses émissions de gaz à effet de serre en un an. A travers cette initiative, il veut réveiller ceux qui savent qu’il y a urgence pour sauver notre planète mais continuent à se comporter comme s’ils n’y croyaient pas vraiment. Il nous donne pour ceci 20 conseils voir JDD du 30.05.10 dont voici un extrait :

Dans votre assiette
Privilégiez les fruits et légumes de saison : ils viennent de moins loin
Offrez-vous du bio
Evitez la viande un jour par semaine (…)
En pique-nique
Concoctez vous-mêmes tartes et salades
Si vous tenez aux chips, proscrivez l’huile végétale et l’huile de palme
Renoncez à la vaisselle jetable( …)
Pour vous déplacer
Enfourchez votre vélo une fois par semaine
Préférez le train aussi souvent que possible
Essayez le co-voiturage pour vos trajets réguliers (…)
Chez vous
Baissez le thermostat de votre chauffage d’un degré
Ne lancez vos machines à laver que quand elles sont pleines
Eteignez les appareils en veille (…)

Tous ces conseils sont judicieux et on ne peut être qu’encouragés à les suivre. YAB est un fervent partisan du développement durable ; dans toutes ses émissions et films il nous parle de la condition de l’homme, de la faim dans le monde, de la misère, etc. etc. Mais il ne faut pas oublier que le développement durable a trois piliers : la planète, le progrès et les personnes ; et que l’économie englobe le tout. Et là, dans ces recommandations, il semble oublier le troisième pilier que sont les personnes. Voilà les conseils que j’aurais aimé recevoir de YAB :

Achetez des produits du commerce équitable
Donnez une fois par semaine une pièce à un mendiant
Donnez votre sang
Inscrivez-vous dans la démarche d’une association caritative ou humanitaire : restos du cœur, Unicef, Sida, Télé thon ou toute cause, etc.
Regardez des émissions qui traitent de la faim dans le monde
Militez pour la cause des sans papiers
Favorisez l’embauche de handicapés (même si l’on n’est pas recruteur on peut être une force de proposition dans ce sens-là)
Participez à une ambiance agréable au travail
Votez (nous avons les hommes politiques que nous méritons), etc. etc.

J’ai la conviction que ces points sont aussi importants que ceux que YAB donnent pour l’environnement mais on n’en parle pas ou peu, tant à titre personnel ou ans l’entreprise. On est focalisé sur l’écologie ; on a du mal à prendre conscience qu’il y a des problèmes humains prioritaires, urgents à résoudre, qui sont parties intégrantes du Développement Durable.




















Bienvenue !

Le 4 avril 2009 à Londres se sont réunis les chefs d'état des pays les plus riches de la planète : le G20. L'ambition affichée était de refonder le capitalisme (cf. N. Sarkozy). En fait de refondation, nous avons eu droit à un ravalement. On connaissait le bluewashing, le greenwashing, maintenant nous connaissons le whitewashing.
Le G20 a montré du doigt les paradis fiscaux et a remis en question les bonus des patrons. Mais nous l'avons bien compris : rien de fondamental pour le capitalisme dont la pierre angulaire est la loi du plus fort.
Il y a donc urgence à faire émerger des idées concrètes pour refonder le capitalisme et donner de l'espoir à ceux qui se refusent politiquement parlant d'avoir à choisir entre une droite qui fait allégeance complète au capitalisme, une gauche en panne d'imagination et une ultragauche en pleine utopie.
Voilà tout l'objet de ce blog : exprimer des idées, réagir, commenter ...