mercredi 29 juillet 2009

L'encyclique sur l'économie : une vérité qui dérange




Il y a quelques mois, lors de sa visite en Afrique, dans un dialogue improvisé avec les journalistes, le Pape Benoît XVI a déclaré que le préservatif participe au développement du sida et que le meilleur moyen de le combattre était l'abstinence et la fidélité. Cette phrase extraite de son contexte a fait le tour du monde et soulevé un tollé général.
Le 29 juin le Pape a présenté sa dernière encyclique qui porte sur l’économie, le capitalisme et l’Ethique (fr.wikipedia.org/wiki/caritas_in_Veritate). On peut y lire :
La complexité et la gravité de la situation économique (…) la crise nous oblige à reconsidérer notre itinéraire et à nous donner de nouvelles règles et de nouvelles formes d’engagement (n°21)
La richesse mondiale croît en terme absolu mais les inégalités augmentent (n°22)
Il existe des formes excessives de protection des connaissances de la part des pays riches à travers l’utilisation trop stricte du droit à la propriété intellectuelle particulièrement dans le domaine de la santé(n°22)
Le marché n’est pas de soi, et ne doit donc pas devenir, le lieu de la domination du fort sur le faible (n°36)
En effet, l’économie et la finance, en tant qu’instruments, peuvent être mal utilisées quand celui qui les gère n’a comme point de référence que des intérêts égoïstes (...)
C’est pourquoi ce n’est pas l’instrument qui doit être mis en cause mais l’homme, sa conscience morale et sa responsabilité personnelle et sociale (n°36)
La gestion de l’entreprise ne peut pas tenir compte des intérêts de ses seuls propriétaires, mais aussi de ceux de toutes les autres catégories de sujets qui contribuent à la vie de l'entreprise : le travailleur, les clients, les fournisseurs, les divers éléments de la production, les communautés humaines qui en dépendent. Ces dernières années on a vu la croissance d’une classe cosmopolite de managers qui, souvent, ne répondent qu’aux indications d’actionnaires de référence (n°40)
Il faut donc éviter que le motif de l’emploi des ressources financières soit spéculatif et cède à la tentation de rechercher seulement un profit à court terme (n°40)
Les processus de mondialisation, convenablement conçus et gérés, offrent la possibilité d’une grande redistribution de la richesse au niveau planétaire comme cela ne s’était jamais présenté auparavant ; s’ils sont mal gérés, ils peuvent au contraire faire croître la pauvreté et les inégalités et contaminer le monde entier par une crise. Il faut en corriger les dysfonctionnements (n°42)
Tandis que, d’un côté, sont revendiqués de soi disant droits, de nature arbitraire et «voluptuaire», avec la prétention de les voir reconnus et promus par les structures publiques, d’un autre côté, des droits élémentaires et fondamentaux d’une grande partie de l’humanité sont ignorés et violés (n°43)
Pour fonctionner correctement l’économie a besoin de l’éthique (…) car on note un certain abus de l’adjectif éthique qui employé de manière générique se prête à désigner des contenus très divers, au point de faire passer sous couvert des décisions et des choix contraires à la justice et au véritable bien de l’homme (n°45)
C’est pourquoi la société actuelle doit réellement reconsidérer son style de vie qui, en de nombreuses régions du monde, est portée à l’hédonisme et au consumérisme (n°51)
Les devoirs que nous avons vis à vis de l’environnement sont liés au devoir que nous avons envers la personne considérée en elle-même et dans sa relation avec les autres ; on ne peut exiger les uns et piétiner les autres (n°51)
Les sociétés techniquement avancées ne doivent pas confondre leur propre développement technologique avec une soi-disant supériorité culturelle, mais elles doivent redécouvrir en elles-mêmes les vertus, parfois oubliées, qui les ont fait progresser tout au long de leur histoire (n°59)
Les opérateurs financiers doivent redécouvrir le fondement véritablement éthique de leur activité afin de ne pas faire un usage abusif des instruments sophistiqués qui peuvent servir à tromper les épargnants (n°65)
Le développement des peuples se dénature si l’humanité croit pouvoir se recréer en s’appuyant sur les prodiges de la technologie (n°68)
Quand l’absolutisation de la technique prévaut, il y a confusion entre les fins et les moyens : pour l’homme d’affaires, le seul critère d’action sera le profit maximal de la production (n°71)
Tandis que les pauvres du monde frappent aux portes de l’opulence, le monde risque de ne plus entendre les coups frappés à sa porte, sa conscience étant désormais incapable de reconnaître l’humain (n°75)

Qu’on le veuille ou pas, à travers ces quelques extraits on voit bien que cette encyclique est une dénonciation en règle du dérapage du système capitaliste. Propos qu’à la limite Olivier Besancenot ne renierait pas…Bizarrement cela ne fait pas la une des journaux ; au mieux quelques articles très édulcorés ; peu de religieux en parlent dans leurs discours ; il est vrai que ce n’est pas évident de remettre en question la société et le confort matériel et égoïste qu’elle nous apporte !

jeudi 16 juillet 2009

Le travail du dimanche : quand la loi est impuissante

 


En dehors de toute considération religieuse le dimanche est un jour « sacré » où par tradition les gens ne travaillent pas, où se tiennent la plupart des réunions de famille, les manifestations de tous ordres (sportives, religieuses, artistiques, etc.).
En ce sens, le dimanche est un jour à protéger et aucune loi ne peut imposer le travail ce jour-là.
D’autre part, heureusement qu’il y a des gens qui travaillent le dimanche dans les hôpitaux, les restaurants, les centres de loisirs…Les modes de vie évoluant, on s’aperçoit que cette exception peut toucher d’autres activités : les centres commerciaux, les commerces dont l’activité dépend en grande partie du tourisme, etc.
Il est donc tout à fait opportun de légiférer en la matière pour que les choses soient claires.
Les pistes :
* faire du dimanche un jour comme un autre et légaliser le travail du dimanche ; piste à écarter d’emblée pour les raisons citées ci-dessus.
* légaliser le travail du dimanche dans certains secteurs mais en faisant appel aux volontaires ; cela semble de loin la meilleure solution ; mais là où le bas blesse, c’est sur cette notion de volontaires ; n’y a –t-il pas le risque d’avoir des « volontaires » d’office ?
Quelle loi peut empêcher qu’un patron ne fasse pas de la discrimination à l’embauche en préférant quelqu’un qui acceptera volontiers de travailler le dimanche ? Quelle loi pourra empêcher un patron de faire de la discrimination à la promotion privilégiant celui qui est volontaire pour travailler le dimanche ? Quelle loi pourra empêcher un patron de pousser gentiment vers la porte un salarié refusant obstinément d’être volontaire pour travailler le dimanche ?
La seule loi qui le peut, c’est la démocratie dans l’entreprise (cf. billet n°1 du 23.04.09 « Le patron noté et élu par ses salariés ») !
Un patron qui aurait des attitudes empreintes de mauvaise foi, de discrimination aurait certainement bien du mal à obtenir la confiance de ses salariés et serait à son tour gentiment poussé vers la porte de sortie…Arrêtons d’imposer à l’entreprise depuis l’extérieur des contraintes de plus en plus exigeantes ; laissons-là respirer, desserrons ces contraintes et mettons à l’intérieur de l’entreprise le contre pouvoir de la démocratie qui fera de chaque salarié un citoyen économique et lui donnera un droit par son bulletin de vote ; cela sera certainement plus efficace !

lundi 6 juillet 2009

La personne morale : un bon alibi


On lit régulièrement dans la presse que d’importantes sociétés (Microsoft, Total, Saint-Gobain, Bouygues, SFR, Orange, L’Oréal, Dior, Sephora, etc.) sont condamnées apour fraude ou entente illicite ou pollution …Ne nous en plaignons pas : il est bien normal que la justice soit la même pour tous. A la différence près que condamner une personne morale c’est condamner tout le monde et personne. Derrière toutes ces entorses à la loi il y avait certainement des personnes qui faisaient ou qui savaient ou qui couvraient. Bizarrement, elles ne sont jamais inquiétées. La porte est grande ouverte à la récidive ; il suffit de provisionner sur le bilan « frais de justice à prévoir ».
A quand une loi qui interdirait de gestion un PDG ou un Directeur coupable d’avoir participé ou couvert de tels délits? On ne nous fera jamais croire qu’au plus haut niveau « on ne savait pas » lorsqu’il s’agit d’ entorses à la légalité répétitives et de cette ampleur !
Tout un chacun qui vole un produit dans un supermarché a de fortes chances d’être inquiété voire conduit au poste de police, et c’est normal. Un salarié sera sanctionné pour faute professionnelle et c’est normal !
Aujourd’hui en permanence des centaines de personnes organisent la fraude, le vol, la pollution… sans pour autant être inquiétées. On arguera que la relation hiérarchique peut excuser ; argument trop facile car la fin ne justifie en aucun cas tous les moyens : on a vu récemment dans l’armée américaine en Irak des gradés être condamnés pour tortures…
Finissons-en avec cette hypocrisie. Le statut de personne morale a bon dos ; il faut avoir le courage de chercher les responsables et les coupables et de les condamner à la hauteur du préjudice commis. Voilà une réforme qui est bien dans l’esprit de la refondation du capitalisme.

Bienvenue !

Le 4 avril 2009 à Londres se sont réunis les chefs d'état des pays les plus riches de la planète : le G20. L'ambition affichée était de refonder le capitalisme (cf. N. Sarkozy). En fait de refondation, nous avons eu droit à un ravalement. On connaissait le bluewashing, le greenwashing, maintenant nous connaissons le whitewashing.
Le G20 a montré du doigt les paradis fiscaux et a remis en question les bonus des patrons. Mais nous l'avons bien compris : rien de fondamental pour le capitalisme dont la pierre angulaire est la loi du plus fort.
Il y a donc urgence à faire émerger des idées concrètes pour refonder le capitalisme et donner de l'espoir à ceux qui se refusent politiquement parlant d'avoir à choisir entre une droite qui fait allégeance complète au capitalisme, une gauche en panne d'imagination et une ultragauche en pleine utopie.
Voilà tout l'objet de ce blog : exprimer des idées, réagir, commenter ...