dimanche 27 décembre 2009

La grève deviendra-telle illégale ?


On est en droit de penser à l’occasion de chaque grande grève que quelque chose ne tourne pas rond. Comment six cent personnes peuvent-elles aujourd’hui pénaliser près d’1,8 millions de franciliens ? Comment une grève des aiguilleurs du ciel peut-elle bloquer des milliers de voyageurs dans un aéroport ? Comment une grève de routiers peut-elle entièrement paralyser le réseau national ? Ce type de grève tellement impopulaire n’est-il pas appelé à disparaître voire à devenir illégal ? Aujourd’hui en effet on ne pourrait pas imaginer une grève qui priverait d’électricité des milliers de personnes. Conscient de cet anachronisme le gouvernement en a tiré le concept de « service minimum ».
Sans compter que ces mouvements de grèves dérapent souvent : menaces de faire sauter les usines (bombonnes de gaz…), saccages de bureaux ou d'ateliers, séquestrations... Et à juste titre on parle alors de chantage, de violence. Mais n'est-ce pas une violence qui répond à une autre violence, moins physique il est vrai, mais tout aussi grave si ce n'est plus, une violence morale ? Dire à une personne qui travaille dans un atelier depuis plus de vingt ans que son poste va être supprimé ou que son usine va être délocalisée uniquement pour des raisons de rentabilité, n’est-ce pas une violence ? Imaginons-nous tous les dégâts psychologiques et financiers que cela peut entraîner pour elle et pour son entourage ? On peut comprendre que les nerfs puissent lâcher ! Certains diront que rien n'excuse la violence. Je suis d'avis que rien ne l'excuse mais on peut la comprendre ou l'expliquer.

Mais la grève - qui est tout à fait légale – n'est-elle pas elle aussi une violence ?
Violence envers les actionnaires qui en quelques jours peuvent voir détruit le fruit de tous leur efforts ou disparaître toutes leurs économies. Violence envers les salariés qui veulent et ont besoin de travailler et verront malgré eux leur bulletin de salaire amputé. Violence envers les clients qui sont pris en otage avec des conséquences quelques fois dramatiques. Appelons un chat un chat : la grève est ni plus ni moins un acte de violence légalisé, banalisé. Alors, bien sûr, pas question de supprimer ce droit de grève qui est un acquis social important ! Mais est-ce normal que le seul recours des salariés pour se faire entendre soit un moyen violent ? N'y aurait-il pas un autre moyen plus civilisé pour que les premiers partenaires de l'entreprise et qui font sa richesse puissent faire valoir leurs intérêts et trouver des solutions sans avoir recours à la violence et au chantage ? Ce moyen, c'est la démocratie dans l'entreprise qui donnera aux salariés un véritable pouvoir de s’opposer à un patron qui ne les respecterait pas ; de s’opposer à des délocalisations ou licenciements abusifs ; de s’opposer à des conditions de travail et à un management inhumain ; ce pouvoir de la démocratie est beaucoup plus fort que le pouvoir de la violence ; il est le fruit de l’évolution de la conscience collective, de la société et des mentalités ; à quand la citoyenneté économique ? Cf. billet n°1 du 23.04.09

dimanche 20 décembre 2009

Copenhague : le sommet de l’égoïsme

On attendait beaucoup de ce sommet qui pour la première fois réunissait 120 chefs d’Etat et de gouvernement pour le plus grand rendez-vous climatique jamais organisé.

Le premier enjeu était de limiter la hausse de la température de la planète à 1,5° C ou 2° C maximum par rapport à 1990, ce qui correspond à réduire les émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES) de 85% d’ici 2050 par rapport à 1990 pour atteindre l’objectif de 1,5° C et une diminution de seulement 50% pour ne pas dépasser 2° C.
L’autre enjeu était de financer les pays pauvres pour qu’ils puissent eux aussi avoir accès à des énergies propres.
Les discussions furent âpres et finalement ce sommet s’est soldé par une déclaration
politique à minima dans laquelle chaque pays s’est engagé à faire de son mieux mais sans avancer de chiffres.

Pourquoi ce relatif échec ?
Deux principales raisons : le refus de la Chine d’accepter des contrôles et la peur des Etats-Unis que cet engagement les pénalise économiquement et amplifie leur chômage. Il aurait pourtant été certainement possible de trouver un accord, il fallait tout simplement partir de deux constats.

Premier constat :
Les entreprises ne polluent pas pour le plaisir de polluer ; elles polluent parce qu’elles répondent aux besoins de leurs clients : besoin de se déplacer, besoin de se nourrir, besoin de se soigner, besoin de se chauffer, etc. C’est donc sur l’homme en tant qu’individu qu’il faut agir pour réduire les émissions de GES. Mais comme celui-ci est difficilement réceptif à des contraintes éthiques et encore moins à des sanctions financières, ce sont donc les entreprises et les collectivités qui deviennent les interlocuteurs et les acteurs pour limiter les émissions de GES.

Deuxième constat.
Les entreprises ayant de moins en moins de frontières elles peuvent facilement échapper aux contraintes fiscales et écologiques d’un pays en délocalisant ou en créant des sociétés offshores dans des pays où les impositions fiscales sont plus avantageuses et les contraintes écologiques plus souples ou inexistantes. Qui ne connaît le scandale de la manipulation des prix de transfert que les multinationales utilisent pour payer moins d’impôts ? Mais pour les entreprises qui n’opèrent que sur leur sol national, un engagement gouvernemental trop important par rapport à d’autres Etats peut les pénaliser économiquement.

Quelles leçons tirer de ces deux constats ?
Première leçon : c’est sur les entreprises qu’il faut mettre la pression écologique et non sur les Etats.
Deuxième leçon : Il faut dépasser la notion d’Etat et réfléchir plus globalement en ne raisonnant plus sur une planète à 198 pays mais sur une « planète village mondial ». Imposons à toutes les entreprises, quelle que soit leur nationalité ou leur situation géographique, la même réduction de GES. Imposons à toutes les entreprises un impôt mondial pour financer les pays pauvres afin qu’ils puissent investir dans les énergies propres. Le rôle des Etats sera de veiller à la bonne application de ces contraintes et d’encaisser cet impôt mondial. Dépassons nos égoïsmes nationaux et il nous sera alors possible de trouver les réponses pour que la génération d’aujourd’hui permette aux générations futures de vivre sur une planète capable à répondre à leurs besoins.











mardi 15 décembre 2009

Chômage : peut-on l’éviter ?


Le chômage est une des plaies de notre société. Il peut être une atteinte à la dignité de l’homme, il est une dégradation de ses ressources avec des conséquences parfois dramatiques. Tous les gouvernements luttent contre le chômage avec plus au moins de succès. Y a-t-il une fatalité du chômage ou peut-on espérer l’éradiquer un jour ?

Le système capitaliste est basé sur la compétition et qui dit compétition dit des gagnants et des perdants ; dans cette logique, on n’empêchera jamais des entreprises de déposer leur bilan et des salariés de se retrouver au chômage. La compétition nous permet d’avoir le meilleur de la qualité, du prix, du service, mais elle a ses revers. Je voudrais bien suivre tous ceux qui disent « il faudrait interdire de licencier » et savoir s’il portent toujours les mêmes marques de vêtements ou consomment toujours les mêmes marques de produits alimentaires ! Ils sont comme tout le monde : ils zappent en fonction de la dernière promotion ou innovation… Et quand on zappe on crée un emploi d’un côté et on en supprime un de l’autre. Si l’on tient compte de cette logique on comprend que le chômage est inévitable.

Par contre il y a des moyens de le limiter et d’atténuer ses effets désastreux. Ce sont toutes les aides sous différentes formes qui sont apportées (RSA, Allocations chômage, etc.) Certains préconisent le partage du travail et on a vu venir les 35h, idée sympathique mais un peu dérangeante ; d’abord parce qu’elle est imposée ensuite parce qu’elle ne concerne pas tout le monde (professions libérales, commerçants, chefs d’entreprise…) : pourquoi demanderait-on les efforts de solidarité toujours aux mêmes personnes – souvent les plus défavorisées - ? Dans le cadre de la refondation du capitalisme il y aurait certainement d’autres pistes à creuser, par exemple :

Favoriser un meilleur discernement dans les investissements

Est-il urgent et vital de remplacer les hôtesses d’accueil des cinémas par des bornes pour distribuer les billets ? Est-il urgent et vital d’ inciter dans les gares les voyageurs à prendre leurs billets à des distributeurs automatiques ? Est-il urgent et vital de supprimer les hôtesses de caisse des supermarchés au profit de caisses automatiques ? Tous ces investissements dont le gain est infime en regard des dégâts causés ne devraient-il pas être soumis à une imposition dissuasive ?

Favoriser la création d’entreprises citoyennes

telles que « Mosquito Washer » créée par Christophe-Hugues LORIOT, ancien érémiste qui a vécu la galère d’une recherche d’emploi et qui, compte tenu de son expérience, veut donner la chance à des personnes marginales en recherche d’emploi de retrouver leur dignité et des ressources décentes. Il propose donc à des chômeurs longue durée un emploi de pompiste en CDI à temps partiel (24h à 27h par semaine) et leur garantit le Smic horaire. L’objectif n’est pas qu’ils restent pompistes à vie mais de favoriser des contacts à travers leur travail de pompiste avec de futurs employeurs et de retrouver un véritable emploi. Chaque pompiste remet une carte de fidélité avec son nom et au dos le métier qu’il recherche ; s’il trouve un emploi « Mosquito Washer » le libère rapidement et si çà ne marche pas, s’engage à le réembaucher. Cette démarche inscrit les super et hypermarchés clients de « Mosquito Washer » dans une solidarité qui ne peut qu’être profitable à l’image de l’enseigne et leur donne l’avantage d’offrir un service plus complet à leur clientèle.

Inviter les dirigeants à recruter des personnes au chômage longue durée

par la création d’un statut de chômeur longue durée (1 ou 2 ans) avec des avantages à la clé pour l’entreprise qui les embaucherait. Une entreprise bien gérée et qui gagne honnêtement sa vie a toujours une marge de manœuvre pour recruter au-delà de ses besoins un chômeur longue durée - qu’il s’agisse d’un simple ouvrier ou d’un ingénieur - dans une limite raisonnable, bien entendu. Ce qui peut apparaître comme une charge supplémentaire deviendra vite une chance ne serait-ce que par le message très fort de solidarité que l’entreprise fera passer en interne et en externe. Bien sûr, cela va à l’encontre de la sacro-sainte loi de la rentabilité, mais le profit maximum à tout prix a-t-il toujours sa place dans la refondation du capitalisme ?

samedi 5 décembre 2009

Les syndicats : le meilleur et le pire

Invités par l’association des journalistes de l’information sociale, les dirigeants des huit syndicats français ont planché ensemble ce lundi 16 novembre sur l’avenir du syndicalisme.
Au regard des 7,6% de salariés syndiqués – taux le plus bas de l’OCDE et régulièrement en baisse en France notamment - on est en droit de se demander si le syndicalisme tel qu'il existe aujourd'hui peut encore être crédible et efficace longtemps.
Bien sûr, il ne s'agit pas de remettre en question le syndicalisme et la présence syndicale dans les entreprises – ils ont été à l'origine de toutes les grandes avancées sociales : congés payés, semaine de 4Oh... - et dont la nature profonde est de préserver les intérêts des salariés – qu'ils soient ouvriers ou cadres - et de veiller à la bonne application du droit du travail ; mais le syndicalisme ne doit-il pas prendre une autre forme ?
Dans le cadre de la refondation du capitalisme, il est nécessaire de penser comment donner aux syndicats la place qu'ils méritent. Aujourd'hui ils ne représentent que 5% des salariés dans le privé et 1O% dans le secteur public.
Serait-il utopique que l'adhésion syndicale devienne automatique lorsqu'on a un bulletin de salaire ? Libre à chacun évidemment, d'adhérer au syndicat de son choix. On passerait à 1OO % d'adhérents avec tous les avantages conséquents aussi bien pour les syndicats que pour les dirigeants : plus de crédibilité, plus d'efficacité … et - autre avantage non négligeable – pas de discrimination syndicale : le patron aurait du mal à faire la différence entre celui qui adhère à un syndicat pour s'opposer au patron et celui qui adhère à un syndicat parce que c'est obligatoire ; et de plus, cela serait un frein à la politisation du syndicalisme.
Serait-il utopique que le coût d'adhésion au syndicat soit assumé par le CE ou l’entreprise (à négocier) ? Mesure-t-on l'effort financier que cela représente pour un modeste salarié le fait de payer une cotisation syndicale si minime soit-elle ? N'est-ce pas un frein à prendre sa carte syndicale ?
Serait-il utopique que la désignation des représentants syndicaux soit validée par les salariés ? Est-il normal qu’un chef d’entreprise ne puisse pas appliquer un accord d’entreprise validé par l’ensemble des salariés si celui-ci n’est pas signé par le représentant syndical dont la légitimité repose sur une désignation extérieure ?
La refondation du capitalisme passe aussi par la refondation du syndicalisme : mais est-on prêt à l'entendre ?
Il n'y a rien d'utopique dans ces propositions ; c'est une question de bon sens ; mais la nature humaine fait que l'on voudrait que les autres changent et qu'on a du mal à se remettre soi-même en question ; c'est la paille et la poutre...
Anecdote significative : comme vous le savez, suite à mon dépôt de bilan, j'ai dû faire un plan social et dans le souci de transparence et de concertation, j'ai eu avec mon délégué syndical une réunion d'approche à ce sujet ; tout naturellement, je lui ai demandé de collaborer à ce plan social ; sa réponse fut nette : «vous faites ce que vous voulez, mais ne touchez pas à mes adhérents». Sans commentaires !

mardi 1 décembre 2009

Michaël Moore : un prophète moderne

Au-delà de son extraordinaire talent de cinéaste, Michaël Moore est un véritable prophète ; il a l’intuition que ce monde qui marche sur la tête ne pourra pas durer longtemps et qu’il y a urgence à rectifier le tir sous peine d’aller « droit dans le mur ». Au début de son film « Capitalism : a love story » que je vous invite vivement à voir, il fait le parallèle entre la décadence de l’empire romain et celle de « l’empire » américain et j’ajouterai la décadence du monde occidental. Il dénonce « la mafia » de wall-street mais on comprend bien que cette dénonciation s’adresse au monde financier en général. Dans ce film - qui est plus un documentaire qu’un film – on voit des gens ordinaires dont les vies ont été ravagées par le capitalisme ordinaire comme ces fermiers piégés par les subprimes, expulsés du jour au lendemain sans ménagement et prêts à se venger. L’administration Bush n’est pas ménagée et on découvre sa connivence douteuse avec le monde des affaires…

Michaël Moore traite ce film avec humour. Certaines scènes sont irrésistibles de drôlerie. Par exemple, lorsqu’il demande à un courtier ce que sont les produits financiers dérivés, et que devant la complication des explications, dépité, il renonce à comprendre et pose une ultime question « les journalistes sont-ils à même de comprendre ? », « ils en sont incapables » répond le courtier « et si l’un d’eux comprend, on l’embauche à wall-street » ! De même lorsqu’à la fin du film il boucle le périmètre de wall-street avec un long ruban jaune comme en utilise la police américaine et prend son mégaphone pour inviter les responsables à sortir les mains en l’air ! Son côté Don Quichotte nous rend Michaël Moore encore plus sympathique et plus attachant. On a envie de répondre présent à l’appel qu’il nous lance à tous de le rejoindre ; il se sent souvent seul dans ce beau combat.

Un seul regret dans ce film ; Michaël Moore ne propose pas vraiment d’alternatives. Dans son reportage on voit le fonctionnement d’une société dans laquelle tous les salariés sont actionnaires ; mais il ne nous dit pas si c’est vraiment la solution et en plus il n’y a rien de très novateur dans cette démarche.
Très impressionnant aussi le discours de Roosevelt sur les droits de l’homme qui n’a malheureusement pas été suivi d’effets puisqu’il est mort un an après.
Michaël Moore nous fait comprendre que la démocratie est une réponse à cette dictature financière mais il ne l’associe pas à l’entreprise. Et si une des solutions était justement la démocratie dans l’entreprise ? Cf. Billet n°1 du 23.04.09 Merci Michaël Moore pour votre courage, votre talent, votre lucidité.
Comme le dit le « Canard enchaîné », « au bout de ces deux heures on se demande pourquoi il n’y a pas de Michaël Moore français ! ».

mardi 24 novembre 2009

Sommet de la FAO : un sommet incognito

A Rome au siège de la FAO pour la cinquième fois en treize ans s’est ouvert ce lundi 16 novembre le sommet mondial de l’alimentation et de l’agriculture sur les moyens d’éliminer la faim dans le monde. Les enjeux sont de taille : plus d’un milliard de personnes ne mangent pas à leur faim sur notre planète (leur nombre est en augmentation de 50 millions par an) et quand on sait que d’ici 2050 nous serons plus de 9 milliards sur cette Terre on est en droit de se demander si à terme nous aurons les moyens d’éradiquer le fléau de la faim dans le monde ;

Les précédents sommets sur le sujet ont tous failli à leurs objectif. Les causes sont de deux ordres : non respect des engagement d’aides promis par les pays riches, le peu d’empressement de ces mêmes pays à s’investir dans cette cause et la spéculation sur les denrées alimentaires compte tenu des cours records qui n’ont pas permis aux plus pauvres de s’approvisionner (au printemps 2008, la hausse brutale des matière premières agricoles a provoqué un nombre croissant de manifestations qui ont souvent tourné à l’émeute ; 35 pays ont été secoués par les émeutes de la faim).

Comme on le voit, ce sommet est d’importance. Cependant les pays riches ont-ils pris la mesure de ses enjeux ? Aucun représentants des pays du Nord n’étaient présents sauf Silvio Berlusconi. Cette indifférence des pays riches à se mobiliser pour lutter contre la faim est en soi un scandale majeur. Mais le véritable scandale n’est pas tant que les chefs d’Etats du G8 ne soient pas là mais les raisons de leur absence. Regardons tout simplement les choses en face. La lutte contre la faim n’est pas pour eux de première importance. Nos hommes politiques sont nos élus et le reflet de ce que nous sommes ; ils sont là pour défendre nos intérêts et la faim dans le monde intéresse peu de personnes ; les plus cyniques diront même « heureusement qu’il y a guerres et famines sinon, la Terre ne serait pas assez grande… » ! Les médias emboîtent le pas. L’hebdomadaire très populaire « Paris Match » ne fait même pas état de ce sommet ; les journaux n’y consacrent qu’une demi page à l’intérieur. Quand on voit la différence de médiatisation entre le prochain sommet de Copenhague sur le climat et celui de Rome sur la faim on prend la mesure du problème. Alors pourquoi tant d’indifférence ? Plusieurs réponses possibles : l’éloignement des pays pauvres (il nous serait insupportable de voir des gens mourir de faim dans notre pays), la peur de devoir partager (on sait très bien que ce que l’on donnera sera en moins pour nous) ou tout simplement l’égoïsme forcené lié à la compétition exacerbée.

La refondation du capitalisme passera par une sensibilité accrue à la bonne répartition des richesses dans le monde, par la compréhension qu’à long terme l’enjeu c’est la paix. Alors, pourquoi pas un Grenelle sur la pauvreté ? A quand un protocole mondial avec l’éradication de la faim à 100% comme objectif ?

Je terminerai ce billet par un extrait de l’article de Denis Sassou-Nguesso Président de la république du Congo dans le Figaro du 19 novembre : «Société d’abondance et société de misère doivent conjuguer désormais leurs efforts pour ne plus former qu’une seule humanité unie contre les fléaux que nous avons créés, tels des apprentis sorciers. Seul un désir commun, interétatique, déracinera tous les conflits. Seule une approche fraternelle permettra ce fameux développement durable que nous appelons tous aujourd’hui de nos vœux et dont nous savons qu’il damera définitivement le pion à la famine ».

lundi 16 novembre 2009

La Liberté : droit ou devoir ?


Le vingtième anniversaire de la chute du mur de Berlin a été l’occasion d’avoir une réflexion toute particulière sur la liberté : la prise de conscience de son importance pour la dignité de l’homme, un droit essentiel pour chacun.
La liberté c’est notre droit à la libre expression, à pouvoir librement se déplacer, à pouvoir entreprendre, mais c’est aussi tout simplement le droit de vivre : d’avoir de quoi manger, d’avoir un toit, d’avoir accès aux soins quand on est malade.
Mais a-t-on vraiment pris en compte ce droit à vivre quand on sait
qu’en France 1 million de personnes n’ont pas de logement, 8 millions de personnes sont sous le seuil de la pauvreté ;
qu’aux Etats-Unis pays symbole de la liberté 46 millions de personnes n’ont pas accès aux soins faute d’argent
que dans le monde toutes les 6 secondes un enfant meurt de faim ?
Et si la liberté était aussi pour chacun un devoir d’apporter à l’autre la liberté de vivre décemment ?

En économie, la liberté se traduit par le libéralisme.
Mais sans cette notion de devoir, la liberté devient la loi de la jungle, la loi du plus fort où le gros mange le petit et où la publicité devient un outil de manipulation qui paradoxalement nous enlève la liberté de choisir en toute objectivité.

Substituons à cette loi de la jungle la loi de la solidarité qui, pour un chef d’entreprise, devient le devoir d’embaucher des handicapés, le devoir de respecter ses salariés, le devoir de ne pas discriminer, le devoir d’être au service…
Le mot liberté prendrait une toute autre dimension.
C’est ce qu’a compris Francisco Van der Hoff en créant le label Max Havelaar.
La refondation du capitalisme passera par notre capacité à ajouter d’autres règles à la loi du marché pour fixer un cours, des critères de solidarité qui resteront à fixer pour chaque activité ou type de transaction.
Cette démarche est urgente dans nos relations avec les Pays dits pauvres où nous sous payons les matières premières et contribuons à leur appauvrissement.
Et là, nous vivrons vraiment le mot liberté dans toute sa noblesse et dans toute son humanité.

mercredi 11 novembre 2009

Daniel Barenboïm, une belle leçon de management


Dans le Figaro du 14 août j'ai été interpellé par un article de Christian Merlin sur Daniel Barenboïm[1] que j'ai trouvé assez extraordinaire. Je reprends des extraits de cet article : «Ce chef d'orchestre israélien» peu connu du grand public «a fondé en 1999 le West Eastern Divan Orchestra avec son ami Edouard Said historien de la littérature et intellectuel palestinien (...) cette initiative se plaçait d'emblée dans l'héritage de l'humanisme (...) Cet orchestre symphonique réunit pour deux tournées en hiver et en été des musiciens israéliens et arabes (…) Au fil des ans, l'orchestre a su maintenir un nombre égal d'israéliens et d'arabes, le tout renforcé par quelques espagnols (...)». Cet orchestre se produit «dans les plus grandes salles du monde : Berlin, Moscou, Vienne, Milan. Mais ni au Qatar ni au Caire où il aurait dû se produire : concerts annulés pour raison de sécurité (…) Daniel Barenboïm est tout sauf naïf (…) Il sait très bien que son initiative est loin d'être bien vue par les politiques de son pays où «plusieurs députés» n'hésitent pas «à le traiter de traître ou de voyou, les mêmes qui exigèrent qu'il soit déchu de la nationalité israélienne lorsqu'il prit, autre signe fort, un passeport palestinien (…) Convaincu qu'aucune solution militaire ne règlera le conflit (palestino-israëlien), il milite à travers l'exemple de son orchestre, jouant le rôle d'épine dans le pied, d'éveilleur de conscience, celui que jouait autrefois Yehudi Menuhin».
Dans son article, Christian Merlin nous fait part de cette anecdote particulièrement significative : «il fallait le voir au mois d'août dernier, lors du concert de clôture du West Eastern Divan à la salle Pleyel : alors qu'à l'habitude, le chef serre la main du premier violon (en l'occurrence son fils Michaël...), à la rigueur celle des chefs de pupitre ou des cordes, Barenboïm prit vingt minutes pour embrasser chacun des cent musiciens de l'orchestre. Symbole musical aussi : en faisant jouer par son orchestre la musique de Wagner, toujours officiellement interdite en Israël, il rompait une digue. Sans oublier cette expérience bouleversante : alors qu'il avait donné le choix aux musiciens juifs de jouer ou non, il proposa à une jeune Israélienne réticente de quitter l'orchestre parce qu'il la voyait pleurer en jouant Wagner, mais elle lui répondit : 'je ne pleure pas parce que çà me dégoûte, mais parce que je trouve çà beau».
Transposé à l'entreprise, cet exemple est une magnifique leçon de management. Pas d'a priori, pas de lutte de classes, refus de la fatalité du conflit ; beaucoup de simplicité, d'humilité. On pourrait imaginer un chef d'entreprise qui traite ses représentants du personnel, les syndicats, ses salariés... avec autant de respect, les invitant à donner leur avis, les écoutant et faisant d'eux de véritables partenaires, non des adversaires. Mais les esprits sont-ils prêts ? Il y a encore beaucoup de tabous à faire tomber ! La presse quotidienne met en avant les conflits, les chantages... N'y aurait-il pas mieux à faire ? Le «chef d'entreprise» Daniel Barenboïm a créé les conditions pour que chacun se sente reconnu et respecté dans sa différence, soit fier de ce qu'il fait en donnant du sens à sa tâche. C'est un bel exemple de démarche humaniste et d’Amour qui oeuvre pour abattre les murs de la différence, de la haine... qu'on devrait citer dans toutes les écoles de commerce ; tout en développant son orchestre, Daniel Barenboïm a mis en place un outil avec la Paix pour finalité ; c'est une démonstration éclatante qu'il n'y a pas d'incompatibilité entre le développement économique d'une entreprise et sa finalité humaine et sociale. Oui, la refondation du capitalisme passe bien par le changement des mentalités.

[1] Chef d’orchestre israëlien qui, à l’occasion du 20ème anniversaire de la chute du mur de Berlin, vient de diriger le concert donné par la Staatskapelle à la Porte de Brandebourg à Berlin.

mardi 3 novembre 2009

Quand la loi va à l’encontre du but recherché


Devant le dysfonctionnement du système capitaliste et du peu d’empressement que les entreprises ont à vivre un minimum de civisme et d’éthique, le législateur est obligé d’intervenir pour les contraindre à respecter les règles élémentaires dans le domaine social, sociétal et environnemental.

Gouvernements de droite ou de gauche s’en donnent à cœur joie pour en « rajouter chaque fois une couche» :
En 2010, les employeurs de plus de 20 salariés qui n’embaucheront pas 6% de personnes handicapées devront s’acquitter d’une amende équivalant à quinze fois le SMIC horaire par poste manquant.
En 2010, les entreprises de plus de 50 salariés qui n’auront pas un accord ou un plan d’action améliorant l’emploi des seniors pourront payer une amende représentant 1% de leur masse salariale.
En 2010, les entreprises de 1000 salariés devront avoir engagé ou conclu des négociations sur le stress au travail : si ce n’est pas le cas, des sanctions financières pourraient être envisagées.
En 2010, les sociétés du CAC40 et du SBF120 devront appliquer les règles de bonne conduite des codes Afep-Medef sous peine de législation de la part de l’exécutif.
En 2010, les entreprises devront prévoir l’égalité salariale entre hommes et femmes.
Faute d’accords en nombre suffisant, un bonus-malus n’est pas exclu.

A travers ces quelques mesures, on voit bien que l’étau se resserre autour de l’entreprise et que la marge de manœuvre est de plus en plus réduite pour leurs dirigeants ; qui plus est, ces contraintes sont un facteur de découragement pour beaucoup de chefs d’entreprise et bien sûr pour la création d’entreprise.
Et si, plutôt que d’imposer des lois on donnait aux principaux intéressés que sont les salariés le moyen de défendre leurs intérêts ? Déjà en instaurant une citoyenneté économique où chaque salarié aurait un bulletin de vote pour participer aux choix de leur patron (cf. billet n°1 du 23.04.09), un droit de veto concernant les principales décisions qui engagent l’avenir de l’entreprise (vente totale ou partielle, investissements, délocalisations, etc.).
Ne croyez-vous pas que cela donnerait une bouffée d’oxygène pour l’entreprise et pour les salariés ? Contrairement à ce qu’on pourrait croire, les salariés sont suffisamment mâtures pour comprendre qu’il faut quelques fois prendre des décisions difficiles. Arrêtons de faire du racisme intellectuel.
Pas besoin de loi pour faire comprendre à un chef d’entreprise qui serait aussi élu par ses salariés qu’il est de son intérêt de favoriser l’emploi des handicapés et des seniors, de mettre en place des mesures pour limiter le stress, d’avoir une rémunération décente et de pratiquer l’égalité salariale entre homme et femme. Arrêtons d’asphyxier l’entreprise en étant de plus en plus intrusif dans son fonctionnement et imposons-lui des contraintes intérieures fixées librement par les salariés.
Ces mesures de réforme entrent tout à fait dans la refondation du capitalisme et dans l’humanisation de l’entreprise.

lundi 26 octobre 2009

J’ai fait HEC et je m’en excuse


C’est le titre du livre que vient de publier Florence NOIVILLE journaliste au journal « Le Monde », diplômée d’HEC, de Sciences-Po et titulaire d’une maîtrise de droit des affaires. Son ambition dans ce livre n’est pas de stigmatiser une école, mais d’interroger l’esprit des grandes écoles de gestion et de management : l’enseignement des affaires est-il adapté aux enjeux sociaux et environnementaux ? Pour ceci, Florence NOIVILLE a enquêté auprès d’anciens élèves et rencontré des étudiants en cours de scolarité.
J’ai lu ce livre avec « gourmandise » et vous en livre les meilleurs extraits .

« Le propos de ce livre ? Alerter et secouer. Contribuer à rappeler que ce que l’on apprend dans les écoles de management ne peut plus être considéré comme le fondement d’une économie durable, encore moins d’une « politique de civilisation ». Aider à faire en sorte que ce message ne soit pas oublié quand les cours de la bourse seront remontés ». p.18.
« …Pour maximiser ou préserver les profits, la recette que l’on enseigne dans les écoles de management est d’une simplicité biblique : augmenter les revenus et/ou diminuer les coûts. Le problème, c’est que l’on n’apprend jamais jusqu’où l’on peut pousser cette logique simple. L’éthique ou la morale des affaires a peu de place dans les programmes. Pas étonnant si, tout au long de ces vingt cinq années, et en l’absence de variables psychologiques, certaines situations ont pu tourner à la catastrophe ou au scandale pur et simple. » p.37
« Directrice d’une entreprise de formation, Marie porte, elle aussi un jugement très négatif sur l’enseignement reçu à HEC « Pour moi, c’est un enseignement pauvre, appauvrissant, dit-elle ; il y manque furieusement des humanités. ». Lorsqu’on lui demande si, d’après elle, les écoles de commerce ont une responsabilité dans la crise, Marie répond trois fois oui : « Oui, en stoppant la formation humaine et morale des étudiants. Oui, en mettant aux commandes des managers nourris d’élitisme et de culture de la performance. Oui en sur valorisant la réussite économique ». p.52.
« Sans le vouloir, d’autres étudiants Alix et David, me donnent le coup de grâce. Alors que j’évoque avec eux le cours d’éthique des affaires, que j’imagine être désormais être une des pierres angulaires d’un passage à Jouy-En-Josas, l’un d’eux s’étonne : « Je ne crois pas qu’un tel cours existe…En tous cas, pas dans ma majeure ». Dubitatif il ajoute « j’imagine que les avis seraient partagés sur un tel enseignement : qualifié de « pipeau » par certains et de nécessaires par les plus philanthropes. Un autre élève m’apporte la précision recherchée : « le cours d’éthique des affaires n’est pas obligatoire. C’est « un électif seulement ». A mon époque on disait « électif d’ouverture ». Je reste sans voix. Et pour mieux m’achever, Alix m’apprend que le cours sur le commerce équitable a été annulé l’an dernier faute de participants. » p.72

Ces réflexions et ces propos ne m’étonnent pas, moi qui suis intervenu à HEC et qui interviens au quotidien dans les écoles de commerce et d’ingénieurs : Florence NOIVILLE n’exagère rien, c’est bien la triste réalité. Florence NOIVILLE nous dit avoir fait un rêve « I have a dream » que je fais mien pour refonder le capitalisme :

« Je suis sur le campus, on est en 2019 et je reconnais tout, la sortie à Vauhallan, le bâtiment des études ; il me semble pourtant que quelque chose a changé, mais je ne saurais dire quoi : l’école n’est ni tout à fait la même ni tout à fait une autre ; un élève m’offre de suivre un cours. Un cours de sa majeure « pauvreté ». Pauvreté ? » Oui, m’explique-t-il. Chaque majeure correspond désormais à une question de société : environnement, emploi, santé, pauvreté…je m’étonne ! Les options classiques, finances, marketing, stratégie… ont-elles disparu ? Il m’indique que non, qu’on les retrouve dans tous les cours mais que ces techniques sont mises au service des problèmes qui se posent à l’ensemble du corps social. » p.85.

Merci, Florence NOIVILLE pour ce beau et courageux témoignage !
La refondation du capitalisme passera effectivement par un changement radical de l’enseignement des techniques commerciales. Mais le veux-t-on vraiment ?

lundi 19 octobre 2009

Le syndrome du Titanic : quand les loups se déchaînent

Avec ce film Nicolas Hulot commence à être dérangeant… Tant qu’il parlait de la planète, tout allait bien ; on était admiratif devant ses émissions « Ushuaïa » et devant ses exploits sportifs. La droite l’écoutait, le soutenait et trouvait en lui une caution pour son approche de l’écologie. La gauche le supportait mais sans plus. Mais depuis ce film, rien ne va plus ! Nicolas Hulot attaque frontalement le système capitaliste, la droite se déchaîne et les verts et la gauche sont plutôt gênés. Nicolas Hulot se situe à la gauche de la gauche, à la frontière Besancenot. On ne lui fait plus de cadeaux et j’ai relevé quelques critiques de son film.

Dans le « canard enchaîné » du 07 octobre 09, Jean-Luc Porquet écrit « Mes bien chers frères, n’avez-vous pas mal à la planète ? Nicolas Hulot a mal (…) L’opulence ici, la débine là-bas : tel est le balancement constant de ce film qui déverse sur nous un flot d’images saccadées, hallucinées, nous jetant d’un continent à l’autre, d’une foule à un visage, etc.
A la différence de Yann Arthus-Bertrand, qui du haut de son hélico nous livrait sa synthèse, chiffrait des dégâts infligés à la nature, notre télévangéliste philosophe à la petit semaine (« Chacun de nous est une composante de la galaxie ») explore la grande semoule originelle (« nous sommes des acteurs de quelque chose de beaucoup plus grand »), dénonce le capitalisme sauvage et nous enjoint de nous convertir à la « sobriété heureuse ».
On y croirait presque s’il n’avait accepté de faire sponsoriser son film par le géant EDF, ami bien connu de la sobriété heureuse (et des centrales nucléaires), et s’il ne prenait soin d’épargner ses amis Bouygues le TF1/bétonneur et Sarkozy le chantre de la croissance à aller chercher avec les dents (durables, évidemment).
Au fond, sur quoi débouche ce genre de grandiloquente tirade grenello-compatible ? Sur la taxe carbone à 17euros la tonne… »
Sans commentaire ! Difficile d’être de plus mauvaise foi !

Dans le Figaro du 07 octobre 09 Eric Neuhoff écrit « On ne le répètera jamais assez. Le réchauffement climatique a des conséquences désastreuses : Nicolas Hulot a réalisé un film. Dommage collatéral : il s’est mis à penser. Tous aux abris. C’est « Oui-oui découvre la pollution ». Dans les rôles de Filou et Sournois, le capitalisme et les multinationales (enfin pas toutes : il faut bien préserver certains sponsors). Sur des images de dévastation, la voix de l’auteur assène d’un ton sentencieux de solides banalités. (…) Le commentaire évoque la copie d’un collégien aux dons limités qui aurait beaucoup lu « Télérama ». Dans la marge, le professeur note au feutre rouge : beaucoup d’application, une sincérité évidente, mais manque de maturité. Hulot mélange tout, la crise financière, les marées noires, la sècheresse, les méfaits d’internet. Sa naïveté, qui devrait être touchante, provoque souvent l’hilarité. ». Commentaire petit et mesquin s’il en est !

J’ai vu le film « Le syndrome du Titanic » : ce film est remarquable, criant de vérité ; on le reçoit comme un coup de poing dans la figure ; quel est le message principal que veut nous faire passer Nicolas Hulot ? Je le cite « Les crises écologiques et sociales sont mêlées ; on ne règlera pas la crise écologique sur le dos de la pauvreté ». II remet en question notre petit confort matériel et moral ; il dénonce les dérives du système capitaliste et ceci à juste raison ; en fait, que reproche-t-on à Nicolas Hulot ? D’avoir des sponsors comme Bouygues et EDF ? En quoi cela est-il gênant puisque cela n’empêche pas sa liberté de parole ? Et tant mieux si des sponsors importants lui donnent de tels moyens financiers pour faire passer ses idées ! Cela prouve qu’il a du talent et que ses émissions sont très bonnes.

Pour terminer, je voudrais m’adresser à toi, Nicolas – me permets-tu de te tutoyer ?
Je voudrais te dire combien il faudrait de gens comme toi : lucide mais pas sectaire ; tu as compris l’Essentiel ; tu as bien sûr des détracteurs mais tes amis sont beaucoup plus nombreux ; merci pour ce que tu es et merci d’être la voix de tous ceux qui veulent un monde plus équitable, plus juste, plus humain.

lundi 12 octobre 2009

Le Pape et un curé sur les « barricades »

« Un curé sur les barricades », tel est le titre d'un article de Chloé Aeberhardt consacré au Père Bachet dans le JDD du O6.O9.O9.

L'histoire de Philippe Bachet n'est pas banale ; soixante huit ans, curé de Villemur/Tarn dans la Haute-Garonne, le Père Bachet aurait pu, comme tous ses confrères, se limiter à bien gérer sa paroisse : baptêmes, communions, mariages, enterrements... Mais voilà, le 23 octobre 2OO8, la direction américaine de «Molex» décide - uniquement pour des motivations financières - de fermer le site de Villemur/Tarn, usine spécialisée dans la connectique automobile, avec pour conséquence le chômage pour 283 salariés. Philippe Bachet s'est senti immédiatement concerné : «en tant qu'homme d'Eglise proche de Saint François dAssise, je ne pouvais pas ne pas m'opposer à ce capitalisme odieux (…) Si les américains veulent sa fermeture, c'est pour gagner plus d'argent ; la dignité de ces travailleurs qui se mobilisent jour et nuit pour protéger leurs outils et leur savoir-faire, ils s'en moquent ; et çà, c'est contraire à la doctrine sociale de l'Eglise».
Remonté à bloc, le Père Bachet multiplie les actions de soutien : lors d'une journée 'ville morte' initiée en novembre par le comité d'entreprise de Molex, il sonne symboliquement le glas. Encouragé par son évêque, qui lui a donné son appui, il organise en février un concert au profit des salariés de l'usine avant de participer le 1er mai à la première manifestation de sa vie.
«J'ai hésité à y aller» reconnaît-il « je n'étais pas sûr de m'y sentir à ma place : je ne suis pas un prêtre ouvrier, je ne lutte pas pour des raisons politiques. Mais puisque je m'étais engagé dans ce combat, je trouvais normal de faire les choses jusqu'au bout ; d'ailleurs, Denise Parise (secrétaire du comité d'entreprise de « Molex ».) a apprécié ma présence dans le cortège. A défaut d'avoir des personnalités politiques locales dans leurs rangs, ils avaient un curé!».
Début juillet il écrit une lettre au président de la République. Mi-août, il monte et prend la tête du comité de soutien de Villemur dont le rôle est d'apporter une aide matérielle et morale aux salariés.

A cet article particulièrement sympathique, j’ajouterai des extraits de l’article de Jean-Marie Guenois dans le Figaro du 05.10.09 sur le discours du Pape à Rome inaugurant le second synode sur l’Afrique : « Benoît XVI s’est ainsi attaqué hier à Rome à un certain colonialisme qui continue d’affecter l’Afrique ‘le colonialisme est fini sur le plan politique mais il n’est jamais complètement terminé’ a-t-il lancé dans son homélie. Car ‘le soi-disant premier monde continue d’exporter sur ce continent des rejets spirituels toxiques qui contaminent les populations. Dont une maladie déjà active dans le monde occidental : le matérialisme pratique combiné à une pensée relativiste et nihiliste ».
Un discours plutôt décapant qui remet en question le capitalisme et toutes ses valeurs superficielles.

Quels messages pouvons-nous retirer de ces deux articles ?
Le premier est qu’il n’y a pas d’incompatibilité entre le fait d’être chrétien et la remise en question du système capitaliste.
Le second est que les croyants de tous bords ont plus que les autres le devoir de remettre en question notre société.
Le troisième est qu’on peut avoir des idées de gauche sans être politiquement de gauche.
Cessons de faire l’amalgame entre la gauche et l’anticlérical et de penser que la droite est la seule à défendre des idées religieuses et spirituelles.
Benoît XVI et Philippe Bachet nous en font la démonstration.



mardi 6 octobre 2009

L’Amour : sentiment ou énergie inépuisable ?



Dans « Vivement Dimanche » du 27 septembre dernier, Nicolas HULOT était l’invité d’honneur. L’émission fut passionnante, on a parlé d’écologie, bien sûr, de pauvreté, d’inégalités… A la fin, Michel DRUCKER s’adresse à son invité « pour conclure, je dirai que dans votre film ‘ le syndrome du Titanic’ on s’aperçoit qu’il faut utiliser la seule énergie qui est inépuisable l’énergie solaire ; et si le salut, une partie du salut, venait du soleil ? ». Nicolas HULOT lui répond « il y a une autre énergie qui est renouvelable et inépuisable, c’est l’énergie de l’Amour. Je ne voudrais pas faire de grande phrase mais c’est Luther King qui a dit ‘on est condamnés à s’aimer ou à crever tous comme des imbéciles’. A choisir, autant choisir la première solution ».

On peut se demander le rapport qu’il y a entre l’énergie de l’Amour et la refondation du capitalisme. Tout simplement l’un est le fondement de l’autre.
La pierre angulaire du capitalisme, c’est la loi du marché, la loi de l’offre et de la demande, la loi du plus fort, la loi de la jungle où le plus fort mange le plus faible. Cela est-il compatible avec le respect et la dignité auxquels chaque homme a droit ? L’homme n’est-il pas autre chose qu’un animal ? Et si nous remplacions cette loi du plus fort par celle de la solidarité, celle de l’Amour, n’inventerions-nous pas un ‘monde meilleur’ où l’homme ne serait plus au service de la compétition et de la performance mais une société où la performance et la compétition seraient au service de l’homme ? Francisco Van der Hoff l’a compris en créant le label Max Havelaar qui garantit que le prix payé aux agriculteurs ne dépend pas du cours du marché mais de leurs besoins pour vivre décemment. C’est en posant des actes d’humilité, de générosité, de compassion, d’Amour que nous trouverons des réponses pour refonder le capitalisme.

Mais le mot Amour est-il vraiment bien compris ? Certains l’associent à une relation physique, d’autres aux sentiments, au mieux aux valeurs… Ce qui n’est pas faux, mais on peut avoir de l’antipathie pour quelqu’un et l’aimer ! Heureusement que les médecins ne soignent pas seulement ceux qui leur sont sympathiques ! Mieux encore, on peut sanctionner quelqu’un tout en l’aimant et le respectant : n’est-ce pas la base d’une bonne éducation ?
Et si l’Amour était aussi la prise de conscience que nous habitons tous dans la même maison : la Terre ? La prise de conscience que ce qui rapproche les hommes est beaucoup plus important et n’ a aucune mesure avec ce qui les sépare : la couleur de la peau, la religion, les convictions politiques ? La prise de conscience que nous sommes tous interdépendants et que le bonheur des uns ne peut pas se faire sans le bonheur des autres ? Enfin la prise de conscience que chacun a un sacro-saint devoir de solidarité envers tous sans exception ?

Donner du Sens à sa vie, c’est vivre cet idéal d’Amour dans le don de soi.

«Un jour, quand nous aurons maîtrisé les vents, les vagues, les marées et la pesanteur, nous exploiterons l’énergie de l’Amour. Alors pour la seconde fois dans l’histoire du monde, l’homme aura découvert le feu», message de Teilhard de CHARDIN que les Ecoles de commerce et autres… devraient inscrire à leur programme…

mercredi 30 septembre 2009

Sommet de Pittsburgh : une petite colline


Le pire, c’est qu’ils sont tous là sur la photo souriants et apparemment fiers des résultats qu’ils ont obtenus ces vingt chefs d’Etat réunis en sommet à Pittsburgh. Pourtant, si l’on en juge à la maigreur des conclusions de ce G20, on est en droit de se demander si leur satisfaction est liée à ces résultats ou au fait de faire la une de la presse mondiale.

Jugez plutôt ; comme on pouvait s’y attendre, pendant ce sommet on a mis l’accent sur les bonus des traders ; on ne les a pas limités comme le demandait la France mais encadrés. La parfaite « langue de bois » qui donne satisfaction à tous. En quoi cette mesure va-t-elle refonder le capitalisme ? On a agi – si l’on peut employer ce mot tellement les mesures sont faibles – sur le conséquences – les bonus des traders – et non sur la cause réelle qui est la spéculation à outrance à laquelle il faudrait mettre des limites.
Est-il normal que l’on puisse vendre ou acheter des actions sans pour autant les posséder ou débourser un centime ? Est-il normal que dans une même journée on puisse faire un aller-retour sur un titre (acheter et vendre ou vice versa) ? Est-il normal que l’on puisse vendre ou acheter des matières premières uniquement pour spéculer sans aucun lien avec sa profession ? Imagine-t-on tous les dégâts collatéraux qu’entraîne cette spéculation ? L’année dernière, la spéculation était tellement forte sur les produits agricoles que la plupart des pays pauvres – faute de pouvoir payer – se sont retrouvés au bord de la famine. Est-il normal que la baril de pétrole puisse passer en trois mois de 40 à 150 dollars ? De quoi déstabiliser l’économie la plus forte ! Est-il normal que l’économie d’un pays puisse être complètement déstabilisée par la spéculation à la baisse sur sa monnaie ? Est-il normal que la Bourse ait complètement dérapé de son objectif premier qu’était le moyen de financer les entreprises ? A ce sujet, je reprends une citation de Claude Bébéar « la spéculation croissante a perverti la fonction même de la Bourse : permettre la rencontre entre les entreprises qui ont besoin d’argent à long terme et les investisseurs qui en ont à placer. Aujourd’hui, toutes les entreprises sont traitées de façon irrationnelle par la Bourse à cause de l’actualité. Certaines peuvent être massacrées dans la journée alors qu’une stratégie se juge sur plusieurs années (…) Il faut avoir le courage de dire non à la dictature des marchés. »

Il existe des moyens de mettre un frein à cette spéculation effrénée : par des lois, des règlements…On pourrait tout simplement prévoir l’instauration d’une taxe dissuasive sur toutes les transactions n’ayant pas un caractère commercial. Il faut savoir que sur l’ensemble des volumes de transactions entre pays, qui sont énormes, 2% sont liés à des opérations purement commerciales – achat ou vente d’un produit ou d’un service – et 98% sont liés à des opérations purement spéculatives.
Mais…veut-on vraiment changer les règles ? Veut-on vraiment refonder le capitalisme ? En a-t-on vraiment le courage politique ? Il est vrai qu’électoralement et médiatiquement parlant, il est plus facile et plus payant de dénoncer ces bonus faramineux que de dénoncer toutes les « ficelles » de la spéculation…

mercredi 23 septembre 2009

Le petit chef… « espèce » encore bien présente



Vingt trois suicides en deux ans chez France Télécom !
Un rapport de la Fondation européenne pour l’amélioration des conditions de vie et de travail nous disait déjà en 2005 qu’un européen sur cinq et 18% des français sont stressés à leur travail. Tout cela est lié à la souffrance au travail qui est en perpétuelle augmentation.

Les causes sont multiples : compétition économique de plus en plus dure, restructurations trop rapides, rythmes insoutenables, suppressions de sites, de postes, d’emplois, mutations abusives, mises sur la touche, promesses de primes non tenues, remontrances perpétuelles, contrôles accrus, inadaptation aux évolutions technologiques...
Les entreprises se donnent les moyens pour combattre ce fléau de la souffrance au travail et des suicides : par l’augmentation du nombre de médecins du travail, la mise en place de personnes de proximité, d’un numéro vert pour contacter un psychologue à l’extérieur de l’entreprise, etc.
Mais bizarrement, dans les causes on ne parle jamais de la relation souvent difficile avec la hiérarchie directe et de sa responsabilité. Celle-ci n’a-t-elle pas un lien permanent avec la personne qui vit ces souffrances au travail ? N’est-elle pas placée en première ligne pour détecter les signes avant-coureurs ou précurseurs qui feraient craindre le pire ? Ces signes sont nombreux : conflits relationnels récurrents, erreurs répétées, repli sur soi, manque d’enthousiasme, lenteur d’exécution, tristesse, absentéisme anormal, etc.
On pourra me rétorquer que le chef n’a pas vocation de « nounou » ! C’est vrai ! Mais il a des devoirs envers ses collaborateurs ; il est à leur service, à leur écoute… Qui, mieux que lui, peut détecter les premiers symptômes ? Qui mieux que lui peut alerter les Ressources Humaines ou autres responsables ? Mais encore faut-il pour ceci qu’il soit formé et qu’il comprenne qu’il n’est pas là seulement pour surveiller et sanctionner mais aussi pour accompagner et faire gagner ses collaborateurs !

Il y a un moyen très simple de détecter ces « petits chefs » et que personnellement j’ai utilisé dans mon entreprise (cf. billet du 23.o4.o9) ; c’est l’évaluation anonyme par les collaborateurs des compétences de leur chef ; cette évaluation porte sur plusieurs critères : la qualité des réunions, la disponibilité, la pédagogie, l’écoute, l’organisation … Cette évaluation permet d’alerter la hiérarchie N+2 et de prendre des mesures pour remédier aux dysfonctionnements identifiés, par des formations ou en adoptant des comportements différents… et cela peut aller jusqu’au remplacement du cadre ; il est vrai que ce n’est pas agréable de se remettre en question et plus facile de remettre en question les autres ! Dans ce domaine, les anglo-saxons ont mis en place des choses intéressantes même si elles sont perfectibles et à adapter ; ainsi, l’évaluation à 360° dans laquelle chaque responsable est évalué par lui-même, par ses collègues, par ses collaborateurs et par sa hiérarchie ; la confrontation de ces quatre ressentis est un formidable outil de développement personnel et de consensus d’équipe.

Dans ces drames que sont la souffrance au travail, les suicides… on ne remet jamais en question la hiérarchie directe. Pourtant cette remise en question de la hiérarchie directe par l’évaluation est une piste très intéressante pour mettre un frein à ces souffrances au travail et elle s’inscrit parfaitement dans la refondation du capitalisme.

mercredi 16 septembre 2009

Evasion fiscale : fraude ou bonne gestion ?


Le Ministère des finances est parti en chasse contre les fraudeurs du fisc. On estime à 3 milliards d'euros le montant des comptes déposés illicitement dans les banques étrangères. On ne peut qu'approuver cette initiative qui va dans le sens du souci de plus d'équité et du respect de la loi.
Mais quelle est la différence entre celui qui va déposer de l'argent en Suisse ou ailleurs pour échapper à l'impôt et l'entreprise qui, en toute légalité, ouvre une société offshore et par le biais d'opérations internes échappe au paiement d'impôt ? Nos grandes sociétés françaises ne se privent d’ailleurs pas de cet avantage… Aucune différence sinon que dans le premier cas on est dans l'illégalité la plus complète et dans le deuxième on est parfaitement en règle avec le droit français et international.
Bien que n'ayant pas de chiffres pour confirmer mes dires, je pense que la fraude fiscale ne doit représenter que 1% de la fraude légale ; un célèbre chanteur français a en toute légalité élu domicile en Suisse pour ne pas payer d'impôt en France. Manifestement, c'est contre ces pratiques douteuses qu'il faut lutter. Voilà un des sujets qu'on pourrait aborder au prochain G 2O sachant qu'à ce niveau, pour être efficace, une décision doit être appliquée par tous.
« Les Echos » du 28 août dernier rapportent une interview de Jérôme Monod (1) qui va dans ce sens «les évènements redonnent du sens à un vocable qui était autrefois l'apanage du parti communiste : la financiarisation des entreprises, l'attention portée à la qualité des métiers, au bien commun des clients disparaît au détriment de quelques ratios financiers. L'économie n'intègre plus d'autres valeurs que la spéculation, le gain, l'accaparement. C'est la porte ouverte à la violence, la corruption, la mafia.» Et lorsqu'on lui demande comment éviter ces abus voilà ce qu'il répond : «d'abord, il faut des institutions financières mais aussi économiques, sociales, morales pour édicter des règles claires et les faire respecter, sur un socle solide, fondé par le pouvoir politique sur les principes du bien commun – qui ne coïncide pas forcément avec ce que propose le Medef, trop soumis aux pressions de ses mandants, adeptes de la pratique du compromis...».
Voilà des pistes intéressantes pour refonder le capitalisme...

(1) Haut fonctionnaire devenu patron d'un grand groupe français (qui devenu la Lyonnaise des eaux) avant de tenir un rôle clef à l'Elysée

mercredi 9 septembre 2009

Les traders, boucs émissaires de la crise



Il nous fallait trouver des coupables pour expliquer cette crise financière. On les a trouvés : ce sont les traders et leurs bonus indécents.
La France s'apprête à prendre des sanctions : désormais les malus liés à leurs opérations déficitaires seront déduits de leurs bonus, et le solde de leurs bonus sera versé avec un différé de trois ans. Voilà une de ses propositions au prochain sommet du G2O qui se tiendra à Pittsburgh aux USA fin septembre ; mesure «phare» pour moraliser le capitalisme ; on croit rêver ! Soyons sérieux !
D'abord, les traders sont des salariés payés pour spéculer (1) et ils spéculent ; mais certains plus doués – ou plus chanceux - que d'autres font des gains plus importants et de ce fait ont des bonus plus importants ; je ne vois pas en quoi ils sont responsables de la crise ; ils en sont seulement les instruments !
La France va donc proposer d'instaurer des malus ; mais n'a-ton pas réinventé l'eau chaude ? Le système des malus existe déjà depuis longtemps ; dans toutes les entreprises, la plupart des salariés, surtout les commerciaux, sont réménurés sous deux formes : avec une partie fixe qu'on appelle le salaire de base et une partie variable qu'on appelle primes ou commissions ; tout naturellement, lorsque par exemple une commande prise par un commercial est annulée les commissions imputées à cette commande seront déduites de ses commissions ; il n' y a rien de plus normal.
Mais, là où les choses se «corsent» pour les traders, c'est dans l'énormité de leurs bonus, surtout lorsque l'Etat aide financièrement la banque pour laquelle ils travaillent ! Dans ce cas, la réponse paraît toute simple : au prochain sommet du G2O, convenons de réduire le pourcentage des bonus des traders et de les faire appliquer par tous les pays.
Par contre, là où il y a un véritable scandale - et dont on parle depuis longtemps - c'est la rémunération exhorbitante des patrons. Est-il normal que la moyenne des salaires des patrons du CAC 4O soit de plus de 2 OOO OOO d'euros sans parler des avantages annexes, stock options ... ? Certains patrons vous diront «mais on prend des risques et on ne gagne pas à tous les coups ! » ; il est vrai que quelques fois les résultats ne sont pas au rendez-vous et que les primes sautent ; mais compte tenu des salaires de base énormes qui eux ne sont pas touchés cela ne va pas trop nous faire pleurer...
Alors, pourquoi dans le cadre de la future réunion du G2O ne se mettrait-on pas d'accord sur un salaire de base annuel maximum (5OO OOO euros par exemple) assorti d'avantages liés aux résultats ? Le résultat sera peut-être le même mais la forme plus logique et plus décente.
Je terminerai ce billet en évoquant un autre scandale en terme de rémunération ; il est lié aux «jetons de présence». Pourquoi une personne peut-elle siéger dans plusieurs conseils d'administration et percevoir des «jetons de présence» conséquents et cela quels que soient les résultats de la société ? Dans le cadre de la refondation du capitalisme il y a certainemet un sérieux dépoussiérage à faire dans la législation des sociétés côtées en Bourse...
Toutes ces anomalies ne sont que les conséquences du dérapage d'un système dans lequel la finance est la finalité et l 'homme un moyen.

(1) spéculer : acheter des titres à leur cours le plus bas possible dans l'espoir de les revendre plus tard à leur cours le plus haut possible pour réaliser une plus value et vice versa

mercredi 2 septembre 2009

Relations avec les pays en voie de développement : intérêt, charité ou solidarité ?



Le rapport Brundtland du 31.12.1987 nous donne la définition du développement durable : «un développement qui répond aux besoins des générations présentes sans compromettre les capacités des générations futures de répondre aux leurs». A travers cette définition nous comprenons que la répartition équitable des richesses et des ressources de la planète est de loin par importance le premier enjeu du développement durable : un défi que les pays riches se doivent de relever. Enjeu beaucoup plus urgent à régler que le réchauffement climatique ou l'éradication des espèces, n'en déplaise aux écologistes «intégristes» ! Toutes les cinq secondes un enfant meurt de faim...
Alors, que faire pour une meilleure répartition des richesses et des ressources ?
Au premier sommet de la terre à Rio, en 1992, les pays riches s'étaient engagés à donner 0,7% de leur PIB pour aider les pays en voie de développement ; dix sept ans après, le constat est lamentable : nous ne dépassons pas les 0,4% ! Soit une tasse de café par personne et par semaine. La France, le pays des droits de l'homme, en est à 0,38% et encore en incluant les allègements de dettes consentis aux pays les plus pauvres !
On peut se demander le pourquoi de ce peu d'empressement à tenir cet engagement : tout simplement le manque de motivation.
Dans mon dernier billet, je demandais le pourcentage de la part d'intérêt personnel, de charité, de solidarité dans l'aide aux pays pauvres ; les faits confirment mon ressenti :
80 % de l'aide sont liés à des intérêts financiers en terme de retour sur investissement ; ce n'est pas par hasard si chinois, américains, européens... s'intéressent autant à l'Afrique qui, dans son sol, possède des richesses inestimables (pétrole, uranium, caoutchouc, phosphate, etc.). 10% de cette aide sont motivés par la charité au sens restrictif du terme, par souci de se donner bonne conscience à gaspiller et à justifier les écarts indécents entre les plus pauvres et les plus riches. Les 10% restant sont liés à la solidarité bien comprise au-delà des différences politiques, religieuses, ethniques …. C'est dans cette catégorie que nous retrouvons les grands humanistes, les ONG...
Si, à l'occasion d'une élection, un parti politique proposait dans son programme de doubler l'aide aux pays en voie de développement, je me demande si cette mesure aurait grand succès ! Il est vrai qu'on parle beaucoup de corruption en Afrique et ailleurs... et que c'est un alibi facile pour ne pas aider les pays pauvres ; mais qui dit corruption dit corrupteurs et corrompus ; les corrompus, on les connaît, ce sont la plupart des dirigeants africains et leur staff dont les caisses sont pleines dans les paradis fiscaux ; mais les corrupteurs, on en parle beaucoup moins … Ce sont les multinationales voire les Etats qui achètent des concessions à prix d'or (armement, aide militaire, sommes occultes...) pour exploiter les matières premières de ces pays qui vont jusqu'à l'expropriation sans contre partie des petits paysans ; sommes dont les habitants ne profitent d'ailleurs jamais !
Des solutions, il en existe, et encore une fois, c'est l'objet de ce blog que de donner des pistes pour refonder le capitalisme.
Payer les matières premières à leur juste prix en faisant un mixte entre l'économie de marché et l'esprit du commerce équitable en imaginant pour chaque matière première y compris le pétrole et les devises principales (dollars, euros) un prix plafond et un prix plancher qui permettrait à chaque pays d'avoir en retour de ses richesses un niveau de vie décent et, qui plus est, serait un frein à la spéculation.
Autre proposition : obliger chaque multinationale exploitant ces matières premières à en manufacturer sur place un pourcentage variant suivant les matières premières et les données économiques ; je ne vois pas ce qui empêcherait Michelin ou Firestone de fabriquer des pneus au Libéria dont le taux de chômage est de 80% ! ...
Tout ceci peut paraître bien compliqué mais aurait-on imaginé seulement vingt ans en arrière qu'on puisse fixer à chaque entreprise un quota d'émission de CO2 à ne pas dépasser ? Et pourtant, on le fait et on le contrôle ! Mais la motivation est au rendez-vous ! Ce qui est loin d'être le cas pour l'aide aux pays pauvres qui ne rentre pas dans la logique du capitalisme tel qu'il est vécu aujourd'hui !

jeudi 27 août 2009

Quand charité ne rime pas avec solidarité


Deux mots apparemment très proches voire indissociables et pourtant si différents tant dans l'esprit que sur le fond et la forme !
La solidarité est une aide ponctuelle ou permanente – morale, matérielle, financière, physique... - à une personne en difficulté : accident, problème de santé, problème financier … La solidarité suppose un intérêt ou une cause commune ; on a vu récemment des paysans français manifester à Bruxelles avec d'autres paysans de l'Europe. Il est beaucoup plus difficile d'être solidaire lorsque nous avons peu de points communs ou que l'autre nous est différent ; c'est alors que devrait intervenir la charité..
La charité est une aide purement gratuite ; les Restos du coeur, la Fondation de Mère Teresa ou celle de Soeur Emmanuelle sont exemplaires en matière de charité ; la Fondation de l'Abbé Pierre serait elle, beaucoup plus dans la solidarité puisqu'elle demande en contre partie que les personnes aidées participent à cette aide.
Dans la solidarité, la dignité de l'homme est préservée ; qui ne connaît pas la fameuse expression «il vaut mieux apprendre à un homme à pêcher plutôt que de lui donner un poisson» ? Dans la solidarité on travaille sur les causes réelles du problème en essayant d'y remédier ; dans la charité, on est dans l'urgence et, le le plus souvent, le moteur, c'est l'émotion ; la charité n'a pas pour vocation de changer les règles du jeu. Les américains fonctionnent essentiellement à la charité ; chez eux chaque entreprise importante a une Fondation ; ils ne se posent pas la question de savoir pourquoi 14% d'entre eux sont sous le seuil de la pauvreté ni pourquoi 46 millions d'entre eux n'ont pas accès à la santé ; cela fait parti de leur fonctionnement et la charité est là pour compenser ces dysfonctionnements. Barak Obama commence à comprendre l'anomalie de cette démarche et s'apprête à mettre en place un système de solidarité sociale : mais combien d'américains sont-ils prêts à le suivre ?
A l'occasion de la mort de Soeur Emmanuelle, Michel Drucker a rediffusé l'émission qu'il lui avait consacrée quelques années auparavant ; pendant plus de deux heures on a vu des témoignages élogieux de personnes de tous bords sur l'action de Soeur Emmanuelle ; mais à aucun moment on s'est demandé pourquoi tant de misère en Egypte, aux Philippines, au Soudan ? Comme si cela était aussi naturel qu'un tremblement de terre !
Et si notre ambition était d'associer la solidarité à la charité ?
Dans un reportage récent de l'émission «Envoyé Spécial» diffusé par France 2 sur le commerce équitable, le journaliste demande au Père Francisco Van der Hoff son fondateur si le commerce équitable n'était pas de la charité ; le Père s'est mis en colère et a répondu que le commerce équitable n'était pas un commerce de charité mais un commerce juste – il aurait pu ajouter solidaire - dans lequel les agriculteurs sont payés de manière à vivre décemment de leur travail. Le commerce équitable est l'exemple parfait d'une action qui intègre charité bien comprise et solidarité, respecte la dignité de l'homme et apporte des réponses sur le plan économique pour plus d'équité dans les relations commerciales.
Chez nous beaucoup pensent que quantité de personnes sont trop assistées ; et c'est vrai en partie : allocations par ci, allocations par là... Et si ce que nous versons indirectement sous forme d'aide nous le versions directement sous forme de salaire, ne croyez-vous pas que les personnes aidées gagneraient en dignité ? Ce qui n'empêcherait pas de conserver le système de solidarité déjà mis en place pour les personnes ayant perdu leur emploi, pour les familles nombreuses...
La charité est souvent un alibi qui nous donne bonne conscience ; on a donné un euro à un mendiant, on a participé au téléthon : on est tranquille !
La solidarité nous fait nous demander pourquoi il y a tant d'exclus et remet en question nos privilèges et le fonctionnement de la société.
La charité est un acte gratuit pour porter aide aux plus démunis mais qui ne se pose pas toujours la question des sources du problème. Ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit : la charité est efficace, respectable mais un peu comme des lunettes de soleil qui modifient la perception des choses. Avant l'abolition de l'esclavage, les maîtres – souvent bons chrétiens – pouvaient être très charitables avec leurs esclaves mais ne remettaient pas forcément en question l'esclavage en lui-même.
En matière d'entreprise la charité est le fondement du paternalisme.
Beaucoup trop de patrons pensent qu'un bon salaire suffit à répondre aux besoins des salariés. Et si, au-delà de ses besoins matériels, l'homme avait soif de dignité, de reconnaissance ? Ne s'agirait-il pas là d'un des fondements d'un bon management ?
La charité est de l'ordre de la morale, la solidarité est de l'ordre de l'éthique. C'est en associant les deux que nous trouverons les réponses.
Et pour terminer ma réflexion d'aujourd'hui, je voudrais vous poser cette question qui fera l'objet de mon prochain billet de blog : dans l'aide que les pays riches apportent aux pays en voie de développement, quelle est en pourcentage la part d'intérêt personnel, de charité et de solidarité ?



mercredi 19 août 2009

La Taxe Carbone


Instaurer une taxe carbone paraît a priori tout à fait justifié.

Augmenter le prix du gaz et du carburant pour inciter les citoyens à diminuer les émissions de CO2 semble tout à fait cohérent. Protéger la couche d'ozone et par là-même éviter le réchauffement de la Planète devient une urgence !

A la différence près que 45% des émissions de CO2 sont liés à l'activité industrielle et que les entreprises ne produisent pas pour le plaisir de produire mais pour répondre à une demande et que ces mesures devraient être accompagnées d'une incitation à moins consommer ; dans une société de consommation, mission impossible !

A la différence près que le réchauffement de la Terre est un enjeu certes important mais qui n'est qu'une partie de l'enjeu du développement durable et ne doit donc pas faire oublier les autres problèmes : à quand un grenelle sur la pauvreté ?

Le réchauffement de la Terre n'est pas un problème régional, ni national, ni continental mais mondial ! Quelles que soient les mesures prises elles ne peuvent être efficaces que si elles sont validées et appliquées par tous les Etats. Le G8 s'est dernièrement tenu en Italie : on en retiendra la visite de l'Aquila et qu'aucune décision importante n'a été prise ; rendons cependant à César ce qui est à César : il a été décidé de créer un fond de 20 milliards de dollars pour combattre le fléau de la faim ; c'est bien peu en regard des 18 mille milliards de dollars accordés aux banques... Ce G8 était pourtant un moment privilégi éé pour harmoniser les mesures à prendre contre le réchauffement climatique ! Il est vrai qu'il y a eu le protocole de Kyoto et bientôt celui de Copenhague; mais ces grands sommets fixent des objectifs et au nom du libéralisme laissent les Etats trouver les moyens de les atteindre ; c'est la porte ouverte au dumping ; faute d'harmoniser les moyens, la compétition économique va reprendre le dessus ; les entreprises auront beau jeu de dire qu'elles sont pénalisées en regard des entreprises étrangères qui n'auront pas les mêmes exigences – peut-on imaginer l'organisation des jeux olympiques sans règles communes à chaque sport ?

Et si nous profitions du formidable challenge qu'est le développement durable pour que les Etats harmonisent leur politique énergétique et se réfèrent à une monnaie unique et stable ? Si nous profitions des enjeux du développement durable pour instaurer une véritable autorité économique mondiale autre que l'OMC, le FMI, la Banque Mondiale fagocités par les pays riches ? Ne serait-ce pas la véritable mondialisation au profit de tous les peuples ?

mercredi 12 août 2009

Les vacances : un temps privilégié pour la gratuité



Gratuité, mot incongru dans l'entreprise où tout étant compté et calculé en retour sur investissement, il n'a surtout pas sa place. Pourtant, quel mot magnifique que celui de gratuité lié à notre capacité à faire le bien sans rien attendre en retour sinon le plaisir d'avoir posé un acte généreux pour l'homme, la société, l'environnement !

La gratuité, c'est l'huile qui permet aux rouages de la société et de l'entreprise de mieux fonctionner que ce soit à titre collectif (les Restos du coeur, Emmaüs, les ONG...) ou à titre individuel (en ces temps de sècheresse, je pense aux pompiers volontaires, mais en ce temps de vacances je pense aussi à tous ces animateurs de clubs qui s'investissent pour mieux nous divertir, nous faire découvrir la nature, les richesses culturelles de leur région... Si le Puy du Fou existe c'est grâce à plus de mille bénévoles...)

Et si nous profitions de nos vacances pour exercer notre gratuité ?

Bien sûr, les vacances c'est avant tout un moyen nécessaire de reprendre des forces, de se déconnecter du travail quotidien, une bouffée d'oxygène indispensable même pour les plus forts !

Mais les vacances sont aussi un moment propice à la réflexion, à la méditation, aux questions existentielles : pourquoi la vie ? Qu'est-ce que le bonheur ? Etc.

Les vacances, c'est également un moment de gratuité parce que un temps disponible pour apporter à sa famille, à ses amis, un témoignage d'affection, de solidarité, que le tourbillon du quotidien ne nous laisse pas toujours le temps de donner et qui nous apporte bonheur, épanouissement...

Les entreprises commencent à comprendre l'importance de la gratuité. Elles favorisent de plus en plus l'engagement de leurs salariés dans des actions de solidarité ; initiative plutôt bien vue en interne et qui améliore autant le climat social que les compétences des individus.

L'Oréal, IBM et bien d'autres pratiquent le congé solidaire en invitant leurs salariés à prendre des congés dans des pays pauvres pour s'investir par exemple dans la construction d'un puits, d'une école... (www.planète-urgence.com)

Ce devoir de gratuité est commun à tous : patrons, professions libérales, artisans, commerçants, salariés...

N'oublions pas qu'à la fin de notre vie, l'important ne sera pas ce que nous aurons gagné mais ce que nous aurons donné.

Et si la gratuité était un élément de réponse essentiel pour un monde plus juste, pour refonder le capitalisme ?



mercredi 5 août 2009

La Lune, Mars : tour de Babel des temps modernes



Qui ne saluerait pas la prouesse des ingénieurs et autres techniciens qui ont fait que le 20 juillet 1969 à 22h56 Neil Amstrong a été le premier homme à marcher sur le Lune et qu’on envisage pour bientôt un voyage sur Mars ? Mais on est en droit de se demander si l’homme ne s’égare pas dans ses priorités.
Le programme Apollo a coûté 150 milliards de dollars actuels et les nouveaux programmes sur la Lune et Mars ont atteint des chiffres astronomiques (c’est le cas de le dire !).
Pendant ce temps, toutes les quatre secondes un enfant meurt de faim, un milliard de personnes sont sous-alimentées, deux milliards de personnes n’ont pas accès à l’eau potable, etc.
On nous dit que ces technologies de l’espace font avancer la science ; certainement ; mais a-t-on besoin d’aller sur la Lune ou sur Mars pour faire avancer la science ? Les challenges civils ne sont-ils pas suffisamment importants dans la Santé, le Communication, le Bâtiment, etc. ?
On nous dit aussi que c’est un objet de fierté pour la jeunesse d’un pays ; c’est certainement vrai ; et si la véritable fierté d’une nation était d’éradiquer la pauvreté, la famine, la maladie, le challenge n’en serait-il pas plus noble ?
Ce billet a-t-il vraiment sa place dans un blog qui traite de la refondation du capitalisme ? A bien y réfléchir, oui ! Au sens où le dérapage est le même en économie qu’en politique ; les valeurs références sont la compétition, la conquête, la domination, le monopole valeurs mises en exergue et source de tous maux. Ne sommes-nous pas en train de refaire la tour de Babel ? Mais pour rester sur une note optimiste et d’actualité, je citerai Trinh Xuan Thuan, astrophysicien américain, dans son livre « Origines : la nostalgie des commencements » aux éditions Fayard : « la science n’engendre pas la sagesse ; elle ne nous aide pas non plus à prendre des décisions morales et éthiques, mais elle peut être source d’inspiration. La grande fresque cosmique des origines devrait nous aider à développer le sentiment de notre interdépendance avec tous les êtres, de notre compassion avec les autres et de notre responsabilité universelle envers notre planète »

Bienvenue !

Le 4 avril 2009 à Londres se sont réunis les chefs d'état des pays les plus riches de la planète : le G20. L'ambition affichée était de refonder le capitalisme (cf. N. Sarkozy). En fait de refondation, nous avons eu droit à un ravalement. On connaissait le bluewashing, le greenwashing, maintenant nous connaissons le whitewashing.
Le G20 a montré du doigt les paradis fiscaux et a remis en question les bonus des patrons. Mais nous l'avons bien compris : rien de fondamental pour le capitalisme dont la pierre angulaire est la loi du plus fort.
Il y a donc urgence à faire émerger des idées concrètes pour refonder le capitalisme et donner de l'espoir à ceux qui se refusent politiquement parlant d'avoir à choisir entre une droite qui fait allégeance complète au capitalisme, une gauche en panne d'imagination et une ultragauche en pleine utopie.
Voilà tout l'objet de ce blog : exprimer des idées, réagir, commenter ...